La montée en puissance de la conteneurisation qui a débarqué en Afrique subsaharienne ces dernières années a attiré les « global carriers » sur la desserte du continent en supprimant de nombreux armateurs historiques du marché.
Si 21 compagnies sont parvenues à y conserver des parts de marché, la plupart ont dû se repositionner sur la desserte complémentaire des grands services, sur des ports de petites tailles aux marchés confidentiels et souvent spécialisés. Toutefois face aux trois acteurs dominants qui ont capté 75 % du marché de la zone, quelques armements, parmi les « grands », s’accrochent, forts de leur antériorité historique et de leur ADN de polyvalence, tels Nile Dutch, Pil, Grimaldi, qui auraient chacun quelque 3 % du marché (Fondation Sefacil, 2018).
Affaire de spécialiste
La compagnie néerlandaise NileDutch, historiquement créée pour assurer un service roulier entre l’Europe du Nord, l’Égypte et le Liban, est entrée dans la danse de la conteneurisation en passant des accords de slots avec ses grands confrères globaux.
À l’origine spécialiste du con-ro sur la desserte de l’Angola, avec des lignes connectant l’Afrique de l’Ouest à l’Europe et à l’Amérique du Sud, NileDutch a trouvé la parade en nouant des partenariats avec les grands armateurs mondiaux.
Cette stratégie lui a permis de rester présent sur le marché africain en adossant sa croissance aux rouages conteneurisés de l’Afrique de l’Ouest.
La compagnie a ainsi pour partenaires, explique Romain Massoule, le directeur général France et trade manager Europe, CMA CGM sur l’axe Europe-Afrique, Pil et Cosco sur la route Asie-Afrique, CMA CGM, Maersk et Hapag-Lloyd sur le trade Amérique latine-Afrique. Quant à la Méditerranée orientale, il s’est allié à Turkon, un accord de slots qui lui permet de desservir les États-Unis.
Ces partenariats n’ont pas seulement permis de conserver sa place en Afrique, mais de l’étendre aux zones avec lesquelles l’Afrique de l’Ouest échange.
Romain Massoulle estime en outre que NileDutch détient « une expertise » africaine que les spécialistes de l’Est-Ouest ne possèdent pas.
En marge de ces partenariats avec les grands du monde conteneurisé, il n’a pas abandonné totalement le métier du multipurpose. Pour preuve, son acquisition en 2016 de Safmarine MPV au numéro un mondial du shipping, Maersk, qui a interrogé et surpris nombre de professionnels du secteur.
« C’est dans l’optique de confirmer à notre clientèle que nous sommes des spécialistes de l’Afrique. MPV apporte de la flexibilité et permet de faire savoir qu’on est capable de tout faire ».
L’armateur néerlandais, qui a vu le jour en 1980 aux Pays-Bas, emploie aujourd’hui 685 personnes dans le monde, dont 80 à Rotterdam, son siège.