L’embarras du choix portuaire

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De la Mauritanie aux frontières nigérianes, les coups de pelle se ramassent à la pelle, tant les ports de la rangée compilent les projets de développement pour s’imposer en tant que plateforme de référence sur le continent. Quels sont ceux qui tireront leur épingle de cette compétition portuaire, où les nouveaux entrants – Lekki au Nigeria, Kribi au Cameroun etc., – questionnent le sort des acteurs historiques, Abidjan, Dakar, Pointe-Noire ou Lomé…? La question alimente bon nombre de théories, gageant sur la croissances des volumes, l’émergence de sillons maritimes inédits, une bataille conteneurisée…Force est de constater qu’en dépit des milliards de dollars injectés depuis 10 ans, le continent africain ne représente toujours que 7 % et 5 % des exportations et importations mondiales maritimes et 4 % des volumes portuaires conteneurisés.

Leader incontesté Ouest-Africain, l’Ivoirien Abidjan (22,5 Mt) vient de réceptionner « son » canal de Vridi élargi tandis qu’un second terminal à conteneurs, en capacité d’accueillir des navires de 10 000 EVP (versus 3 500 EVP), doit être achevé cette année. À l’ombre du mastodonte abidjanais, San Pedro, premier port mondial d’exportation de fèves de cacao, est concerné par un plan stratégique de 1,45 Md€ en vue de se diversifier, notamment pour devenir un hub pour les conteneurs (244 000 EVP en 2018). MSC, dont la concession initiale a été étendue à 35 ans en 2017, a prévu d’y injecter 200 M€. San Pedro lui sert surtout de plateforme de redistribution vers les ports secondaires du golfe de Guinée tandis que le togolais Lomé (1,2 MEVP) a été érigé en « hub unique » pour les trafics de et vers l’Asie. Là, la filiale de MSC, Terminal Investment Ltd (Til), doit injecter 500 M€ en 10 ans pour atteindre 4 MEVP par an.

Le Nigeria, où Apapa et Tin Can Island à Lagos assurent actuellement 60 % des importations maritimes et 70 % de ses revenus douaniers, doit être livré cette année d’un port en eaux profondes (capacité de 2,7 MEVP) à Lekki, à 60 km au sud-est de Lagos. Avec cette nouvelle construction, le pays aux 190 millions d’habitants veut délester ses ports congestionnés mais surtout distancer ses grands voisins, Lomé, Accra, Abidjan ou Cotonou. Le Nigeria porte deux autres projets, à Badagry, aux portes du Bénin, et à Akwa Ibom, dans le delta du Niger riche en pétrole, où la construction et exploitation ont été confiées en novembre au consortium Bolloré Ports et China Power.

In fine, « ces nouvelles propositions portuaires redéfinissent les pré carrés historiques de la desserte des marchés enclavés sahéliens, résume Yann Alix, spécialiste de l’Afrique portuaire.Le Burkina Faso dispose de solutions logistiques vers Tema et Lomé alors qu’Abidjan fut quasi exclusif pendant des décennies. Le Niger, qui a toujours privilégié Cotonou, regarde aussi vers l’Ouest alors que le port du Bénin est contesté pour la desserte du sud-ouest nigérian. Les projets de San Pedro visent le sud malien au détriment de Dakar. Or, les interfaces portuaires se modernisent nettement plus vite que les infrastructures terrestres ».

À l’heure des choix entre concurrents portuaires, la bonne connexion des ports avec leur hinterland devrait départager les candidats.

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