Certes les grands navire mères des armements conteneurisés n’opèrent plus en direct au départ de TCMD de Moulineaux. Pas seulement parce que la taille des unités alignées s’est notablement accrue. Obtenues de haute lutte, les expériences de feeder maritime sur Tanger-Med comme Dunkruss AGAX OPDR (CMA CGM) n’ont pas atteint la pérennité.
« Dans la mesure où l’escale au Havre est quasiment impérative, intéresser les grands armateurs mondiaux à toucher Rouen, c’est compliqué », reconnaît Philippe Dehays, vice-président de l’Union portuaire rouennaise et président de Seine Port Union. « Mais ce n’est pas perdu ». D’autant que « les commissionnaires travaillent à Rouen qui reste un port de groupage et de consolidation », autour d’entreprises très spécialisées dans ce domaine comme Bolloré Logistics, ATI-Tramar, TTOM, Centrimex France…
En attendant, le feedering fluvial est un moyen de substitution qui « ne fonctionne pas si mal », estime Philippe Dehays. Pratiqué par les grands armateurs comme CMA GGM, MSC et Maersk avec leurs barges dédiées (permettant l’émission de connaissements Rouen) ou par des prestataires publics fluviaux ou maritimes publics (Logi Ports Shuttle, Marfret, Bolloré) qui pré et post-acheminent les boîtes sur l’ensemble de l’axe Seine au rythme d’une quarantaine de services hebdomadaires.
En revanche, les Rouennais voient les choses plus sereinement côté breakbulk avec une offre spécifique qui se maintient autour de 3 lignes touchant régulièrement le port. Au rythme d’une escale toutes les 3 semaines, les navires de l’armement allemand Bocs y viennent charger des céréales (blé, malt et orge). Une cargaison conteneurisée complétée avec du conventionnel (cellules de silos, matériels ferroviaires, véhicules de chantier, tourets, etc.).
Relations suivies
Deux autres lignes avec l’Afrique touchent Rouen avec la même fréquence. L’une assurée par le néerlandais NileDutch (MPV), à destination de la Mauritanie et du Cap Vert, l’autre par l’allemand UAL-MTL (Universal Africa Lines – Maritime Transport + Logistik) pour le transport de matériels voués aux mines de fer mauritaniennes.
La communauté portuaire rouennaise soigne particulièrement ses relations avec les chargeurs africains. En 2018, une mission commerciale a conduit les professionnels au Gabon et au Togo. En avril dernier, une délégation Haropa a participé aux Rencontres d’affaires Guinée 2019 à Conakry puis s’est rendue à Saint-Louis. « Nous sommes très attentifs aux perspectives de réouverture de mines en Guinée et à la montée en puissance des exportations de fruits et légumes du Sénégal », souligne Patrick Bret, responsable commercial Afrique de Haropa. « Je me bats pour que ces missions perdurent », indique Philippe Dehays, évoquant pour la fin de l’année un nouveau déplacement des Rouennais en Côte-d’Ivoire, au Togo et, peut-être, au Ghana.