L’Italie sur les routes de la soie

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« L’Italie ne doit pas devenir une colonie ». Pour Matteo Salvini, grand « manitou » de la Ligue, vice-président du Conseil italien et ministre de l’Intérieur, le mémorandum signé le 23 mars entre l’Italie et la Chine à la Villa Madama, la résidence d’accueil des chefs d’État étrangers à Rome, pose problème.

Par ce protocole portant sur 19 accords institutionnels et 10 contrats commerciaux d’une valeur de 2,5 Md€, l’Italie est devenu le premier pays membre du G7 à s’inscrire dans le vaste programme de nouvelles routes de la soie peaufiné par le président chinois Xi Jinping, qui consiste à tisser une gigantesque toile mondiale d’infrastructures maritimes et terrestres et à doper ses échanges commerciaux avec le Vieux Continent.

« Oui aux exportations mais la sécurité doit primer sur l’intérêt commercial », a répété Matteo Salvini avant la signature de l’accord. Le ministre de l’Intérieur avait alors clairement dans le viseur le géant chinois des télécoms Huawei, l’exécutif chinois tentant de convaincre le gouvernement italien de lui ouvrir le marché, en dépit des craintes émises par Bruxelles et Washington. Ce qui pourrait fâcher la péninsule avec les États-Unis alors qu’elle héberge notamment six bases américaines et exacerber les tensions avec l’UE.

Quant aux relations commerciales, les Chinois se sont déjà bien insérés dans le tissu économique italien, en s’offrant des participations dans l’industrie automobile l’énergie, les télécoms et même le ballon rond avec l’Inter de Milan, même si les sommes dues n’ont jamais été versées.

Avec l’arrivée au pouvoir de la coalition formée par le Mouvement 5 Étoiles (M5S) et La Ligue, les pourparlers, engagés par le précédent gouvernement de centre-gauche pour inscrire l’Italie sur les nouvelles routes de la soie, ont repris.

Pour Rome, l’arrivée d’investisseurs chinois sur son sol représente une magnifique opportunité financière pour relancer ses moteurs économiques déprimés.

Pour Pékin, les ports de Trieste (où les Chinois sont déjà investis financièrement), de Gênes et de Palerme sont des étapes importantes sur les tracés, l’Italie marquant le point d’entrée vers l’Europe.

À un moment, il fut même question d’une intervention chinoise dans la construction du réseau ferré à grande vitesse Lyon-Turin. Cet accord-cadre a fait grand bruit. Il reste à voir comment il sera véritablement mis en œuvre, compte tenu des inquiétudes et pressions de Washington et Bruxelles.

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