Le 18 mai 2018, le ministre des Finances de Basse-Saxe, Reinhold Hilbers, s’agite, furieux, à la tribune du parlement de la région côtière. « La NordLB ne se trouve pas en mode de crise et on ne peut parler de sauvetage bancaire dans le cas présent », assène celui qui siège aussi au conseil de surveillance d’un établissement bancaire incontournable pour le financement de l’économie maritime. On ne sait si depuis, le ministre a mangé son chapeau. Mais un an plus tard, la banque, qui avait déjà eu à digérer 2 Md€ de pertes sèches sur le crédit naval en 2016, a échappé de justesse au dépôt de bilan et à la privatisation. Fin février, le gouvernement régional et le réseau des caisses d’épargne locales ont ainsi annoncé que les länder de Saxe-Anhalt et de Basse-Saxe, ainsi qu’un groupement de 42 Caisses d’épargne, étaient prêts à injecter près de 3,5 Md€ pour sauver la banque qui devra être en outre soumise à une sévère restructuration.
Tout comme son homologue de Hambourg et du Schleswig-Holstein HSH Bank, la Nord LB s’est retrouvée au bord du gouffre notamment pour avoir trop prêté aux armateurs et aux chantiers navals, eux-mêmes en difficulté sur un marché très incertain. Mais plutôt que de vendre NordLB au fonds d’investissement Cerberus, comme ce fut le cas en 2018 de HSH Bank, le land de Basse-Saxe et le réseau des Caisses d’épargne du Nord ont préféré le maintenir dans le domaine public. Cerberus, qui avait proposé de reprendre 50 % du capital de NordLB ne sort pas complètement bredouille de l’affaire puisqu’il reprend un paquet de 2,7 Md€ de créances navales douteuses, sur les 7,2 milliards de « non-performing loans » (prêts en souffrance, après une défaillance de 90 jours), qui se trouvent dans le portefeuille de la banque. Les 4,5 Md€ de créances douteuses restantes pourraient suivre le même chemin que le premier paquet, ou alors être placé dans la société hsh portfoliomanagement AöR, sorte de « bad bank » créée en 2016 pour gérer les créances douteuses de HSH Bank et détenue par des investisseurs privés. Chez les armateurs allemands, ces transferts en font trembler plus d’un. En effet, lesdits crédits douteux concernent environ 263 navires. En plus des 256 navires concernés par les crédits douteux de HSH Bank. Personne ne pense que Cerberus et consorts vont exiger un règlement immédiat de ces créances. Cependant, la pression financière pourrait bien s’accentuer sur le secteur maritime allemand dans les mois à venir.