ÀDjibouti, les choses bougent vite. « Avec le départ forcé de DP World, le terminal Doraleh est exploité par SGTD, société à capitaux nationaux, mais ce sont surtout les investisseurs chinois qui consolident la position géostratégique de Djibouti », explique Arnaud Tisseau, spécialiste portuaire et de l’Afrique (directeur Afrique chez Necotrans, Sea Invest…). Adossé au terminal qui a manutentionné 915 000 conteneurs (en 2017) se consolide la plus grande zone franche portuaire du continent (4 800 ha à terme) avec des investissements chinois à hauteur de 3,5 Md$. « Avec la réhabilitation de l’axe ferroviaire stratégique Djibouti-Addis Abeba en 2018, un futur terminal GNL de 3 Mt de capacité et la modernisation du nouveau terminal polyvalent DMP, les intérêts chinois ancrent leurs ambitions sur Djibouti », confirme Arnaud Tisseau.
Phare avancé de la Route de la Soie maritime chinoise en Afrique de l’Est, Djibouti sera probablement en concurrence avec le mégaprojet de Bagamoyo (au nord de la Tanzanie) qui accumule les années de retard malgré les 10 Md$ promis par le Sultanat d’Oman et la Chine. Bagamoyo s’avère pourtant essentiel pour soulager le port métropolitain saturé de Dar-Es-Salaam qui manutentionne désormais le demi-million de boîtes, dont seulement 60 % concernent le marché domestique. Il est aussi supposé « répondre » aux concurrences kenyanes incarnées par Mombasa qui a dépassé les 1,3 MEVP en 2018 grâce à sa dynamique sur le transbordement (un peu moins du 10 %) et l’amélioration des connectivités logistiques avec les ports secs situés aux abords de la capitale Nairobi. L’inauguration du premier quai du Lamu Port South Sudan Ethiopia Transport – Lapsset (sur 32 annoncés!) a été confirmée pour juin 2019 et les autorités semblent confiantes pour un début des opérations commerciales avant la fin de l’année. Elle permettrait une desserte privilégiée des marchés enclavés de l’Afrique du centrale.