L’été dernier, la chancelière fédérale et députée de Stralsund « Angela Merkel » a fait le déplacement pour la mise sur cale d’un des deux paquebots de luxe de la classe Crystal Endeavour en cours de construction. En 2020, il emmènera 200 passagers dans les coins les plus reculés de l’Arctique et de l’Antarctique, dans des conditions dites « exclusives ». Les chantiers, rebaptisés depuis MV Werften, construisent également le plus gros paquebot du monde Global 1, qui accueillera 12 000 passagers (dont 2 500 membres d’équipage). Deux autres paquebots de la Global Class, commandés par et pour les opérateurs de croisière détenus par Genting (Star Cruises, Crystal Cruises et Dream Cruises), sont également prévus avec une livraison en 2021. Issus du combinat est-allemand de construction navale, les trois chantiers ont été maintes fois rachetés et restructurés depuis la réunification allemande. En dernier lieu, c’est l’investisseur russe Witali Jussufow, propriétaire unique de Nordic Yards, qui les avait rachetés pour les spécialiser dans la production de navires à destination de la Russie et de transformateurs destinés à l’éolien offshore. Mais la conjoncture économique russe et les atermoiements dans l’éolien ont annihilé les perspectives de l’investisseur russe, qui a revendu les sites pour 230 M€ à Genting. Le groupe, basé à Hong Kong, avait préalablement (en 2016) acquis le groupe Lloyd Werft. Genting a conservé le nom de Lloyd Werft (pour Bremerhaven), et MV Werften (pour Wismar, Stralsund, Rostock).
1 Md€ d’aides publiques
À l’époque, le choix du groupe malaisien, qui s’était alors engagé à construire tous ses navires futurs en Allemagne, avait autant ravi qu’étonné. Avec le recul, les choses s’éclairent. La construction de paquebots de luxe reste une spécialité européenne mais en Allemagne, elle a largement été subventionnée. Le ministère de l’Économie du gouvernement régional de Mecklembourg-Vorpommern fait remarquer qu’en 30 ans, les trois chantiers ont été profondément rénovés et modernisés. En tout, ce sont tout de même près d’un milliard d’euros d’aides publiques qui ont été injectés dans des installations qui permettent notamment de construire entièrement à couvert.
Par ailleurs, Genting a décidé de jouer à fond la carte de l’automatisation. 300 M€ ont été investis dans deux chaînes de production. L’une forme les pièces d’acier situées au-dessus de la ligne de flottaison. L’autre produit des cabines en série. En outre, à la mi-janvier, le groupe a rendu public le rachat du plus gros bureau allemand de design nautique, Neptun Ship Design et ses 120 salariés. Aujourd’hui, le dynamisme retrouvé des chantiers MV Werften se lit dans les embauches. Lors de leur rachat, les trois chantiers comptaient 1 400 salariés contre plus de 3 000 aujourd’hui.