La fin d’une histoire sur l’Asie-Europe

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C’est un événement en soi, qui fait date dans le shipping. L’armateur, propriété de la famille Teo (131 navires en service et en commande, 414 340 EVP en offre, soit 1,8 % de la capacité mondiale conteneurisée), va se retirer dès avril du trade Asie-Europe du Nord. PIL y a fait son entrée pour la première fois en avril 2004 lorsque la compagnie a lancé avec Wan Hai le Far East-Europe Service (FES) avec huit navires de 2 300 à 2 800 EVP. Le service a ensuite connu nombre d’ajustements, porté à 4 250 EVP de 2006 à 2007, suspendu en 2008 avant de connaître une seconde jeunesse en mars 2010 avec neuf navires de 4 250 EVP. Mais depuis 2011, la singapourienne (la chinoise s’est retirée en août 2015) affrétait des emplacements sur les navires de Cosco dans le cadre du service NEU 3/AEU 7 d’Ocean Alliance. Une allocation limitée à 500 EVP par semaine. La dernière navigation de la PIL est prévue au départ de Ningbo le 7 avril et à destination d’Anvers le 10 mai. Au-delà du conjoncturel, du structurel Cette décision s’inscrit en effet dans un contexte aux perspectives sombres du point de vue des importations européennes conteneurisées, dont la demande ne devrait pas dépasser 2 %, à en croire un rapport de Bimco, une des plus grandes associations internationales d’armateurs.

Lignes de stress

Reste à savoir comment se comportera le marché sur cette route commerciale au vu des nouvelles capacités qui vont affluer prochainement jusqu’à représenter 10 % de la capacité actuelle. 95 unités de plus de 18 000 EVP y opèrent actuellement. 42 sont en commande en attendant les 23 000 EVP.

Jusqu’à présent, les transporteurs semblent trouver les moyens de remplir les cales de leur mégamax: ONE a déclaré que son Mol Triumph (capacité nominale de 20 170 EVP) avait quitté Singapour à destination de l’Europe du Nord chargé de 19 190 EVP. Toutefois, les analystes constatent « des signes de stress » dont témoigne le « début d’un retrait » des grands gabarits hors de la route commerciale susceptible de leur offrir le meilleur rendement. MSC Eloane (19 462 EVP) a ainsi été « déplacé » (pour un seul voyage) sur le service (TP-6/Pearl de 2M) vers la côte Ouest américaine. Maersk avait fait de même avec les sisterships Eleonora et Eugen fin 2018. Si ce déploiement d’ULCV sur les routes transpacifiques se limite pour l’heure à des « one shot », Cosco va affecter sur une base permanente dès avril sept de ses très grandes unités sur le MEA 5 vers le Moyen-Orient. Selon Alphaliner, 2M (MSC, Maersk) serait l’alliance qui aurait retiré le plus de capacités jusqu’à présent, avec six navires, tandis qu’Ocean Alliance (CMA CGM, Cosco/OOCL, Evergreen) et The Alliance (Hapag-Lloyd, One, Yang Ming) en auraient soustrait chacun trois. Les taux de fret s’en ressentiraient déjà: ils ont baissé de 9 % depuis le début de l’année, malgré l’annulation de 13 départs en raison du Nouvel An chinois.

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