Le 12 décembre dernier, les représentants au congrès américain ont voté une résolution demandant à l’UE d’ordonner l’arrêt de la construction du gazoduc NordStream 2. Celui-ci doit relier la Russie à l’Allemagne à l’horizon 2020. Selon le texte de la résolution, ce pipeline qui viendra doubler son jumeau déjà en service NordStream 1, constitue « un dramatique retour en arrière pour la sécurité énergétique de l’Europe et pour les intérêts des États-Unis ». Bien sûr, cette résolution s’insère dans les nombreuses critiques émises par les États-Unis et l’UE envers la Russie, suite à l’extension du conflit russo-ukrainien dans la mer d’Asov. En Europe, les Américains sont d’ailleurs très largement soutenus par des pays comme la Pologne et les États baltes, d’autant plus alarmistes face à la diplomatie musclée du Kremlin qu’ils ont été soigneusement tenus à l’écart du projet NordStream. Pourtant, on sait aussi que les attaques de Donald Trump, et plus récemment les menaces de sanctions proférées à l’encontre des entreprises impliquées dans le chantier par l’ambassadeur américain en Allemagne, Richard Grenell, ne sont pas que politiques. Car si Trump critique la construction de NordStream 2, c’est aussi pour mieux vendre le gaz liquéfié américain.
Premier terminal GNL allemand
En réponse, le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, a expliqué que « l’Allemagne n’est aucunement dépendante de la Russie, particulièrement sur le plan énergétique ». Par ailleurs, a expliqué le ministre, les contrats signés entre Allemands et Russes prévoient la construction du gazoduc avec ou sans l’Allemagne. L’arrivée récente du poseur de tubes Pioneering Spirit, l’un des plus gros bateaux du monde, sur le tracé du gazoduc confirme l’intention de boucler le chantier comme prévu, à la fin 2019.
Cependant, confronté aux velléités de l’administration américaine de taxer lourdement les importations de voitures allemandes aux États-Unis, Berlin ne pouvait totalement ignorer les positions américaines. En octobre dernier, la chancelière Angela Merkel a donc expliqué que le gouvernement allemand était prêt à soutenir la construction du premier terminal GNL allemand dont le coût global est évalué à 500 M€. Depuis, la compétition est lancée entre les sites allemands éventuels.
Le premier à se dévoiler a été le petit port de Brunsbüttel, judicieusement placé à l’embouchure de l’Elbe et du canal de Kiel. Là, la joint-venture germano-hollandaise German LNG Terminal, soutenue par l’énergéticien RWE, travaille sur le projet. Longtemps seul dans la course, il est désormais concurrencé par un projet similaire au JadeWeserPort, le port en eaux profondes de Wilhelmshaven, où l’allemand Uniper (société créée avec la scission d’EON) a pris les choses en main…