Même sur ce point, ils ne luttent pas à armes égales avec leurs concurrents européens. En termes d’implantations industrielles, les Grands ports maritimes français (GPM), que la réforme de 2008 a pourtant consacrés « grands ensembliers garants du développement économique » et potentiels contributeurs au renouveau industriel hexagonal, ont des sparadraps qui leur collent aux quais et qui aboutissent bien trop souvent à stériliser d’importantes superficies, les éloignant encore davantage des densités pratiquées par leurs voisins européens.
Recentrés par la réforme dans les activités les plus stratégiques (et parmi les plus rémunératrices), à savoir celles d’aménageur et gestionnaire de précieux actifs fonciers, leur politique domaniale reste toujours à concrétiser. Selon un rapport de la Cour des comptes, les recettes du domaine (concessions, terre-pleins, hangars…) constituent la seconde ressource des GPM après les droits de port. Entre 2008 et 2015, elles ont représenté en moyenne 25 % du chiffre d’affaires des ports du Havre, de Marseille, de Rouen, de Nantes-Saint-Nazaire, de La Rochelle et plus de 35 % à Bordeaux et à Dunkerque quand elles vont bien au-delà des 40 % à Anvers et Rotterdam.
Pourtant, les ports français disposent d’un avantage concurrentiel: des surfaces valorisables potentiellement importantes, un patrimoine qui ne relève pas exclusivement du domaine public maritime et dont l’utilisation leur revient exclusivement mais qu’il leur faut rationaliser en accord avec les exigences environnementales (foncier classé à vocation naturelle).
Environnement contraint?
Une autre étude
Les outils évoluent néanmoins. Ou du moins, quelques mesures contenues dans la loi LOM devraient « leur donner la capacité à tirer parti de la valeur de leur domaine pour rétablir un équilibre entre les droits de ports et les redevances domaniales », assure Hervé Martel, DG du port de Havre. Une application de cette « affaire » se trouve à l’article 35, et porte sur le pouvoir de régulation des activités qui se tiennent sur le port. « Trop de régulation, c’est moins de compétitivité; pas assez de régulation, c’est un manque d’efficience », ajoute Hervé Martel. Ainsi soit dit…
Superficie du foncier terrestre des GPM
Dunkerque 7 000 ha
Rouen 4 000 ha
Le Havre 10 000 ha
Nantes Saint-Nazaire 2 700 ha
La Rochelle 242 ha
Bordeaux 2 500 ha
Marseille 10 000 ha
Compilation: Perrine Brullon, 2016, Isemar
* La mise en œuvre des projets portuaires pour y développer durablement les activités logistiques et industrielles, étude du Conseil général de l’environnement et du développement durable et du Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies