Haropa gage sur le deal entre industrie et logistique

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La supply chain a horreur du vide et une aversion prononcée à l’égard de tout éléments perturbateurs. La deuxième économie européenne qui tourne le dos à l’UE en est un pour de nombreux ports. Mais en modifiant les schémas logistiques actuels, le Brexit pourrait servir la politique de valorisation foncière des trois ports de Haropa. C’est du moins l’analyse qu’ose Hervé Martel, le directeur général du port du Havre.

La demande grandissante en locaux d’entreposage en arrière des terminaux portuaires pourrait être une aubaine dans un contexte de réorganisation des flux logistiques mondiaux consécutive à la saturation des ports du Nord de l’Europe. Mais en poussant le raisonnement, « on peut envisager que la réintroduction des droits de douane dans les deux sens réorganise complètement le sourcing du Royaume-Uni », explique-t-il. « Le schéma logistique actuel, selon lequel les matières premières partent en Angleterre pour être transformées et reviennent ensuite en Europe, n’est pas tenable pour ceux qui avaient investi dans cette logique s’ils doivent s’acquitter par deux fois des droits de douane. Si le Royaume-Uni doit s’approvisionner davantage en provenance de pays tiers, cela peut être une opportunité et nous avons la capacité logistique pour les accueillir », échafaude-t-il.

« Oui, la logistique est un axe de développement fort de Haropa mais cela n’exclut pas, au contraire, l’industrie, répond d’emblée Antoine Berbain, directeur général délégué de Haropa. La vallée de la Seine constitue le premier territoire industriel où sont représentées toutes les grandes filières. Le port est un support, du point de vue logistique, à l’ensemble et quand il peut offrir des solutions performantes de logistique massifiées, il permet alors aux industriels de répondre à leur problématique de supply chain, que ce soit pour évacuer leurs produits finis vendus ou récupérer leurs matières premières ».

2,7 millions de m2

Et à cet égard, le « premier ensemble portuaire français » entend visiblement jouer une partition différente avec ses 2,7 millions de m2. « 500 000 m2 sont en cours de développement à des niveaux d’avancement différents selon les projets », indique Antoine Berbain, qui « vend » deux arguments, la gestion massive des flux import-export grâce à ses « terminaux à conteneurs à proximité immédiate des parcs logistiques et avec des connexions multimodales qui facilitent le traitement de la marchandise à coûts réduits ». Mais aussi une offre de « logistique vertueuse » (un réseau portuaire francilien relié au cœur de la capitale par des connexions ferrées et fluviales) capable de répondre à la demande croissante sur la « logistique du dernier kilomètre », celle de la distribution urbaine, que le développement du e-commerce et la nécessité de réduire les délais de livraison ont rendue capitale.

Avec ses dernières « prises », l’axe Seine a pris l’avantage. Le 29 janvier, le promoteur Vailog (groupe Segro) a inauguré Paris Air2 Logistique sur le port Gennevilliers, un entrepôt dit de nouvelle génération, c’est-à-dire XXL, hyper connecté, écologique (au pied du fleuve) et à 5 km de la Porte de Clichy. Amodié à 80 % à Ikea France et 20 % à Leroy-Merlin, le bâtiment sur deux niveaux de 32 000 m2 servira de base de distribution au géant suédois de l’aménagement par véhicules électriques et navettes fluviales.

Sens de l’Histoire

Le 18 janvier, c’est une convention d’occupation temporaire qui a été signée avec le groupe Panhard, pour 11 ha sur le Parc logistique du pont de Normandie 2 (PLPN 2), situé à proximité de l’A29 et de la plateforme multimodale. Les 140 800 m2 du PLPN 1 sont finalisés avec l’inauguration en novembre de 43 450 m2.

Sur les 50 ha du PLPN 2 (205 000 de m2 projetés dont 24 000 m2 déjà construits), Panhard doit y établir une plateforme de 49 000 m2, dont la livraison est prévue fin 2019 à l’opérateur marseillais de la logistique portuaire Mediaco Vrac qui en occupera la moitié. Une seconde tranche de 100 000 m2 est d’ores et déjà à l’étude.

« La moitié des conteneurs qui alimentent l’Île-de-France passent par Anvers. C’est une aberration en termes de coûts, mais aussi d’efficacité, puisque les installations routières comme l’A1 ne peuvent plus absorber autant de trafic. Sans parler des impacts écologiques. Il faut aller dans le sens de l’Histoire en aménageant des sites logistiques capables d’accueillir des porte-conteneurs et en lien direct avec les bassins de consommation », justifie son investissement Christophe Bouthors, président du directoire de l’aménageur. Plus de 100 M€ doivent être injectés dans ce parc (dont 13,1 millions de fonds publics) où sont attendus 500 emplois.

Quant au PLPN 3 (230 000 m2 d’entrepôts à terme), les espaces viennent d’être attribués à deux professionnels de l’immobilier logistique, PRD et Prologis.

Sur les 388 M€ budgétés en 2019 pour les trois ports de l’axe Seine, 154 M€ devraient irriguer des projets logistiques tandis que 210 M€ sont prévus dans le domaine industriel.

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