« 2018 a été une année riche en implantations industrielles dont la plus emblématique est celle de SNF Floerger, qui va investir 160 M€ et créer une centaine d’emplois dans un premier temps », plante le président du directoire du GPM de Dunkerque. Le port de Dunkerque, qui a souhaité faire du développement industriel « une de ses marques de fabrique », selon les termes de Stéphane Raison, engrange les effets d’une décennie d’efforts, y compris financiers.
Le groupe chimique français de spécialités (polyacrylamides, polymères hydrosolubles…) – « deuxième chimiste français derrière Arkema » – étudiait l’implantation d’une nouvelle unité de production depuis trois ans. En 2018, il a enfin porté son choix sur la plateforme chimique et industrialo-portuaire de Gravelines. L’État, la Région Hauts-de-France et la Communauté urbaine de Dunkerque auront mobilisé 7 M€ pour emporter la décision.
« La plateforme a été livrée en fin d’année dernière. L’industriel pourra s’implanter dès sa phase d’instruction administrative terminée, l’enquête publique est prévue en 2019 », indique le DG du 9e port nord-européen. Une belle signature, une réussite collective, reconnaît-il, mais aussi une aubaine en termes de trafics maritimes à l’export puisque les produits partent en conteneurs, et un signal fort après quelques années de désinvestissement industriel avec les fermetures de deux raffineries depuis 2010.
Depuis leur arrivée à la tête du GPM et la formalisation du projet stratégique 2014-2018, le duo exécutif qu’il forme avec le président du conseil de surveillance, François Soulet de Brugière, revendique ainsi un total de 12 implantations industrielles et logistiques, 110 ha aménagés à cet effet, la création de 500 emplois temps pleins directs et plus de 215 M€ investis dans « des facilités pour les industriels ».
Annonces en séries
Les « belles annonces » se sont succédé en 2018. À l’issue d’un an et demi de travaux, le fabricant de ciment écologique Ecocem France a inauguré en juin à Dunkerque une unité de production de 750 000 t par an de laitiers moulus à proximité des hauts-fourneaux du complexe sidérurgique d’ArcelorMittal, dont il utilise les laitiers granulés. Un investissement de 37 M€. Une autre opportunité pour les trafics à l’export car, de Dunkerque, Ecocem alimente déjà sa filiale britannique, envisage de fournir ses marchés du Benelux et pourra approvisionner en direct ses marchés du Nord de la France, dont les chantiers du Grand Paris.
Le groupe belge Ecophos, producteur de phosphates pour l’alimentation animale, a démarré en novembre dernier une unité de production de phosphates extraits à partir de de minerais dits pauvres (Aliphos Dunkerque, capacité de 220 000 t/an), qui a nécessité 85 M€ d’investissement. Dans la foulée, il a annoncé une seconde unité sur place (de 100 000 t) dans les trois ans, où le phosphate sera extrait cette fois des boues d’épuration. La nouvelle unité représenterait un complément de 35 M€ et créerait 50 emplois nouveaux.
Déjà présent sur le port, DMT (Dunkerque Multibulk Terminal) a également annoncé l’implantation d’une usine de plaques de plâtre exportables par voie maritime.
La mise en service de ces nouvelles implantations a déjà eu un impact sur le trafic des « petits » vracs solides, établi en 2018 à 3,05 Mt, soit une croissance de 11 %.
En 2018, le troisième port de France par le trafic global (51,6 Mt, + 3 %) a notamment consacré une bonne partie de son enveloppe annuelle de 65 M€ prévue dans le budget de son projet stratégique 2014-2018 à la poursuite des travaux d’aménagement de la zone Dunkerque Logistique International (DLI) Sud (6,87 M€), une plateforme multimodale de 125 ha d’une capacité de 400 000 m2 d’entrepôts logistiques connectée avec le terminal à conteneurs qui sera mis en service en 2019. Il s’est aussi attelé au démarrage des travaux de la zone de Grandes Industries (ZGI, 3,10 M€).
« Il est important de donner à la lisibilité à ceux qui veulent s’implanter à Dunkerque. Nous allons réaliser et livrer 80 à 100 ha au 3e trimestre 2019 pour du projet industriel et logistique. Nous allons pouvoir amorcer la commercialisation de la DLI. Nous avons déjà de nombreux contacts avec les logisticiens et nous devrions annoncer quelques opérateurs nouveaux prochainement », promet Stéphane Raison, dont le mandat arrive à échéance prochainement, mais fort d’un bilan qui lui donne confiance sur sa reconduction. À moins qu’il ne soit appelé à d’autres missions…