Selon l’association des professionnels de la croisière, la Clia (Cruise Lines Industry Association), le nombre de passagers britanniques en croisière devrait dépasser pour la première fois en 2018 les 2 millions, ce qui en fait le deuxième marché source d’Europe après l’Allemagne, tandis que quelque 1,1 million de passagers ont embarqué à partir des ports britanniques.
Arnold Donald, président et CEO de Carnival Corp. & plc, continue de qualifier de « fortes » les perspectives de son groupe. Néanmoins, P&O Cruises, la marque britannique du groupe, a pris soin de rassurer ses clients en leur certifiant qu’ils n’auront pas à subir les fluctuations monétaires puisqu’ils pourraient payer les réservations et les dépenses à bord en livres sterling, et que leurs croisières continueront à être couvertes par les assurances voyages ATOL et ABTA.
Selon David Dingle, président du conseil d’administration de Carnival UK, un Brexit négocié serait préférable pour l’industrie des croisières, car il garantirait une continuité de business, avec peut-être quelques questions sociales à régler liées à « l’équivalence des certificats des gens de mer et aux conditions d’emplois des ressortissants européens au Royaume-Uni » ainsi qu’une problématique relative à la couverture maladie « qui pourrait devenir plus chère si la carte européenne d’assurance maladie EHIC (permettant à un ressortissant européen de bénéficier des soins dans un autre État membre que le sien, NDLR) devient caduque ».
Dissuasif ou attractif?
Mais « un Brexit sans deal pourrait bien être beaucoup plus effrayant », a-t-il ajouté, surtout dans la période de transition, avec les incertitudes liées à la possibilité de débarquement et d’embarquement des passagers britanniques dans les ports de l’UE et des ressortissants européens dans ceux du Royaume-Uni.
Carnival a simulé un itinéraire au départ de Hambourg opéré par le navire AIDAmar de sa marque allemande, qui ne fait actuellement escale qu’une journée au Royaume-Uni, à Southampton, où jusqu’à 3 000 personnes débarquent pour une excursion d’une journée à Londres. Il en résulte que les longues procédures de contrôle pourraient en effet dissuader l’entreprise de maintenir l’escale.
A Contrario, le Brexit pourrait avoir un effet positif pour les croisières. Selon le Seatrade Cruise News, le Royaume-Uni pourrait devenir fiscalement attractif en n’étant plus assigné à la TVA (sur les biens et services consommés à bord) de l’UE, et ainsi capter davantage d’escales.
Demeure l’incertitude, surtout pour les ports britanniques qui ont largement investi ces dernières années sur ce segment de trafic, tel Southampton, port de croisière le plus fréquenté d’Europe du Nord avec plus de 200 millions de passagers et 500 escales par an. Fin 2018, il lançait son programme d’investissement de 12 M£ (13,50 M€) visant à doubler la capacité de son terminal. Il devrait être livré au printemps 2020, juste à temps pour accueillir l’Iona, nouvel étendard de P&O Cruises et son plus grand paquebot (5 200 passagers) jamais construit. Le premier d’une série de navires actuellement en construction dans le chantier naval Meyer Werft à Papenbourg en Allemagne, pour lesquels il a déboursé un peu plus de 1,09 Md€.