Comment se présente 2019?
Paul Nuyens: Il y aura cette année, parmi les membres de Clia, 272 paquebots actifs sur les océans, dont 18 nouveaux. Dans les prochaines années, de nouveaux bateaux seront mis en service chaque année, ce qui signifiera une augmentation de la capacité mais aussi une flotte jeune et ultramoderne. On s’attend à atteindre le cap des 30 millions de passagers en 2019*. Les États-Unis restent le premier marché émetteur avec 11,9 millions de croisiéristes mais la Chine en fournit déjà 2,4 millions devant l’Allemagne (2,2 millions) et le Royaume-Uni (1,9 million).
Bien que la progression mondiale ne se soit pour le moment pas démentie, la croisière fait face à une problématique de taille: l’acceptabilité sociale. Comment l’appréhendez-vous?
P.N.: Les compagnies de croisière, qui représentent moins de 1 % de la communauté maritime mondiale, sont à l’avant-garde en termes de pratiques environnementales responsables et de technologies innovantes permettant des gains d’efficacité énergétique. Les paquebots sont les premiers « utilisateurs » des scrubbers (EGCS). Et très vite, les compagnies se sont positionnées sur le GNL, à l’instar d’Aida et de Costa (d’ici 2026, une dizaine de navires au GNL sortiront des chantiers, Ndlr). Elles ont investi dans les moteurs et des revêtements de coque écoénergétiques qui réduisent les frottements ainsi que dans des éclairages à Led économes en énergie. Elles recyclent l’eau pour chauffer et climatiser les cabines de passagers. Certains navires réutilisent 100 % des déchets produits à bord dans une logique d’économie circulaire.
En Europe, l’Italie, le Royaume-Uni et l’Allemagne sont à la fois des marchés émetteurs de clients et des destinations. Comment expliquez-vous que le marché français ait été moins réceptif?
P.N.: La France, sur la façade méditerranéenne, possède un nombre limité de quais d’accueil des grands paquebots: Marseille, Toulon et Monaco, quand l’Italie ou l’Espagne offre entre 10 et 18 quais. Et les habitants sont à moins de 2 heures de route. Le marché français, sur l’outgoing ou l’incoming, est donc pénalisé à la fois pour les escales et les têtes de ligne. L’exemple de Nice, qui est pourtant un grand aéroport international, est emblématique. Le retard français est aussi lié à une implantation historiquement faible de grands opérateurs.
Quelles seront vos priorités en tant que représentant de Clia?
P.N.: Ma tâche sera d’accompagner les agences de voyage en France, qui représentent 70 % des croisières vendues en France, à mieux « vendre » la croisière, notamment en fonction de chaque typologie de clientèle. Un seul objectif: contribuer à son essor!
* Les données de 2018 ne seront délivrées qu’en mars-avril. En 2017, le nombre mondial de croisiéristes dépassait les 26 millions.