Ankarafantsika, la cité des Fleurs sur la côte Nord de Madagascar, a inauguré fin novembre sa toute première saison de croisière avec le toucher du paquebot M/S Silver Discoverer de la compagnie monégasque de croisière Silversea, parti de Zanzibar en direction de Richards Bay à Durban.
Le navire ultra-luxe, embarquant tout au plus 128 passagers le long des côtes africaines, australiennes ou encore néo-zélandaises, est emblématique de l’une des deux grandes tendances actuelles du marché de la croisière et qui n’est plus l’apanage de ces spécialistes qui se sont construit une réputation à l’ombre des standards et de la masse. Telles Ponant, une des rares si ce n’est la seule compagnie à battre pavillon français sur ce segment, ou encore Cunard (et son concept de spa d’« aquathérapie » exclusif), Oceania Cruises (qui se revendique leader en matière de gastronomie à bord et vient de se positionner sur le marché français), l’hambourgeoise Sea Cloud Cruises (qui vient de lancer la construction du premier d’une flotte de grands voiliers de 136 passagers) ou encore Regent Seven Seas Cruises (avec son célèbre Seven Seas Explorer de 375 suites toutes avec balcon)… Toutes cultivent, à bord de navires aux lignes racées proches des yachts et souvent de taille intimiste, ce que « les autres n’ont pas »: l’exception dans les destinations (exclusives) et les prestations (« Relais & Chateaux ») pour offrir ce qui, en termes marketing, s’énonce comme des « expériences les plus personnalisées ».
Tout y est étudié: room service 24h/24, voiture privée avec chauffeur et guide à chaque escale, gastronomie étoilée (Ponant avec Alain Ducasse, Crystal Cruises avec le chef japonais Nobu, Oceania Cruises avec Jacques Pépin…), service de table Lalique…
Ainsi la française Ponant (propriété du fonds Artemis) est-elle désormais bien identifiée pour ses expéditions polaires et tropicales exécutées « dans le respect de l’environnement », son observatoire sous-marin à bord à 4 m sous la ligne de flottaison, le silence de la navigation et le détail d’orfèvre (produits Hermès, beurre d’un célèbre artisan de Saint-Malo, macarons Ladurée, pains Lenôtre, parfums d’ambiance signés Fragonard, vins Latour et Margaux…).
Intérêt des majors
Preuve s’il en est de l’intérêt de ce segment, les plus grands s’y intéressent. Norwegian Cruise Line s’est positionnée. Le n° 2 mondial américain Royal Carribean, qui incarne plutôt l’autre tendance du marché, le « toujours plus grand » avec le Symphony of the Seas (362 m de long, 2 775 cabines et suites, 9 000 personnes à bord), s’est offert la compagnie monégasque Silversea (66,7 % de son capital). Dernièrement, MSC Cruises a confié au chantier naval italien de Trieste Fincantieri la construction de 4 paquebots (500 cabines) « d’une nouvelle classe de navires » attendus entre 2023 et 2026. Avec ces nouvelles commandes, le croisiériste veut se positionner sur le concept le plus « exclusif » du marché, avec des navires à l’image de « véritables yachts privés » offrant une « vaste gamme de services haut de gamme » jusqu’au majordome personnalisé disponible 24h/24 et 7j/7 et des « itinéraires uniques » grâce à leur petite taille. Un contrat d’une valeur totale de plus de 2 Md€ pour Fincantieri dont le carnet de commandes de paquebots de croisière ne désemplit pas (plus de 50 unités), ce qui en fait le leader mondial de la construction sur le segment, revendique-t-il.
Le plan d’investissement global de MSC Cruises prévoit la construction de 17 nouveaux navires d’ici 2027, pour un investissement total de 13,6 Md€. Il disposera alors d’une flotte de 29 navires. Trois des nouveaux entrants de la classe Meraviglia Plus capable d’emporter 6 300 passagers sont déjà en service depuis juin 2017: MSC Meraviglia, MSC Bord de mer et MSC Vue mer. Les deux autres – MSC Bellissima et MSC Grandiosa – seront livrés respectivement en février et octobre 2019.