Après avoir progressé de plus de 40 % pendant des années et encore de 20 % en 2017, le marché chinois de la croisière s’est contracté en 2018, mais sans doute de façon moindre que le repli de 14,3 % anticipé, pour un nombre de croisiéristes proche de 2,5 millions. En milieu d’année, Royal Caribbean se réjouissait d’ailleurs de résultats meilleurs qu’attendus et l’armateur va en juin y affecter un second paquebot, le Spectrum of the Seas (4 200 passagers). Il sera basé à Shanghai et le Quantum of the Seas passera alors à Tianjin. De son côté, Costa va déployer dans la métropole financière en mai une quatrième unité, le Costa Venezia (5 260 passagers). Il rejoindra le Costa neoRomantica tandis que le Costa Serena sera basé à Tianjin et le Costa Concordia restera affecté en Chine méridionale, à Shenzhen et Xiamen. Le 5e sistership du Costa Venezia s’ajoutera à la flotte en 2020. « En 2018, le marché chinois est entré dans une phase d’ajustement, notamment en termes de capacité. Il reste dans une période d’exploration et d’adaptation, mais a un potentiel prometteur pour les années à venir sachant que son taux de pénétration est inférieur à 0,2 % alors qu’il est 3,6 % aux États-Unis », affirme Mario Zanetti, président de Costa Group Asia.
Guerre des prix
Optimisme partagé par les professionnels chinois de la croisière lors de leur congrès à Shenzhen, en novembre. China Merchant Group envisage d’ailleurs de se lancer dans cette activité. Pour que la croissance reprenne, ils estiment toutefois nécessaire de mettre fin à la guerre des prix qui les a fait plonger à un niveau inférieur de 30 à 40 % à ceux pratiqués en Europe ou sur le continent nord-américain. Ils veulent également renforcer la commercialisation via internet et les agences de voyages pour mieux atteindre la clientèle individuelle, notamment les familles transgénérationnelles, ainsi que les habitants des villes autres que les grandes métropoles. Jusqu’à présent, le remplissage des navires reposait largement sur les groupes et les voyages d’entreprises, clientèle qui suit les recommandations des autorités, mais dont le trafic s’est tari l’an dernier en raison de l’appel au boycott de la Corée et à un degré moindre de Taïwan. Une autre clé pour développer le marché réside dans la diversification des destinations. Mais elle reste difficile à opérer pour les courtes croisières qui constituent l’essentiel de l’offre car, si le Vietnam et les Philippines sont accessibles depuis le Sud, le choix au Nord se limite à la Corée, à Taïwan, au Japon et à la Russie.
Parallèlement, les autorités entendent aussi favoriser les arrivées de croisières internationales. À cet effet, l’alimentation électrique à quai va être généralisée à tous les ports. Et la ville de Qingdao a annoncé des incitations financières pour les compagnies faisant le choix de son port ou le choisissant comme point de départ de croisières charterisées.