3 milliards d’euros, c’est le chiffre d’affaires que génèrent les croisières sur l’ensemble de l’Amérique latine et la Caraïbe. Au total, elles concernent tous les grands ports du continent, soit 36 destinations, et ont transporté l’an dernier 32 millions de passagers. Pour faire face à ce boom, partout on aménage des quais, on met en place des services d’accueil, on réfléchit à l’offre touristique. Tous les pays littoraux, en dehors du Venezuela empêtré dans une crise sans fin, sont concernés.
Le champion toutes catégories reste le Mexique. L’État de Quintana Roo sur la péninsule du Yucatan, le premier concerné par les croisières, a ainsi enregistré l’an dernier plus de 16,5 millions de passagers en escale sur l’ensemble de ses cinq ports. Un chiffre en hausse de 9,3 % par rapport à 2017. À elle seule, la petite île de Cozumel, au sud de Cancun, et ses 73 000 habitants ont accueilli 1 300 paquebots et 4,3 millions de passagers.
Croissance freinée
La fièvre des croisières se propage vers le sud. Le Nicaragua s’y met lui aussi et vient de décider d’aménager en conséquence ses ports de Corinthe et San Juan del Sur. En Colombie, Carthagène des Indes voit les escales progresser de plus de 10 % chaque année. Cependant, la croissance est souvent freinée par la faiblesse des infrastructures de certains ports, notamment ceux de Rio de Janeiro et Salvador au Brésil, de Buenos Aires en Argentine qui prévoit cependant des aménagements à court terme pour améliorer l’accueil. À ce handicap s’ajoutent des tarifs portuaires jugés trop élevés par les compagnies, ou encore le manque de mise en valeur des sites touristiques.
Les ports, qui ont dû s’adapter très vite face à la soudaineté d’une demande en progression constante, sont conscients de leurs manques et la plupart prévoient des investissements en conséquence. Plusieurs pays envisagent aussi de s’associer pour proposer des routes maritimes communes. La demande est telle que la Colombie prévoit ainsi de s’allier à son voisin le Panama pour offrir des itinéraires communs. Plus au sud, ce sont le Pérou, le Chili, l’Argentine et l’Uruguay qui envisagent une stratégie commune pour mieux répondre aux compagnies maritimes.