Brexit: Un point de vue belge

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Un Brexit, soft ou hard? Fin 2018, le suspense était toujours de rigueur et il en sera encore de même au cours des prochaines semaines jusqu’à ce que le parlement britannique, qui a repoussé en décembre l’accord négocié par Theresa May avec l’UE, se prononce. Un consensus au moins: si Brexit il y a, quelles que soient ses applications, des deux côtés de la Manche, personne n’est prêt, qu’il s’agisse des infrastructures de contrôle devenues nécessaires ou des hommes composant la chaîne de traitement. Sur le continent, du Nord au Sud, c’est l’expectative mais aussi l’inquiétude. D’aucuns anticipent un chaos. D’autres envisagent de nouvelles opportunités. Certains craignent de voir les ports nord-européens en profiter pour augmenter leurs parts de marché au détriment des autres avec une éventuelle bénédiction de l’Europe (?). L’enjeu est effectivement de taille: l’UE exporte pour 290 Md€ vers le Royaume-Uni, contre 170 milliards en retour. La géographie fait que le Brexit aura un impact plus important sur certains ports de la grande façade maritime continentale qui court de Brest à Rotterdam. La Belgique est directement impliquée, essentiellement via Anvers et son port côtier Zeebrugge. La relation maritime entre Anvers et le Royaume-Uni, hors Irlande (2 Mt/an), porte sur un trafic de 15 Mt/an, pour plus de la moitié composée de vracs liquides. À Zeebrugge, le trafic (16 Mt) est à 85 % du roulier. Ce port, tout comme Calais, Dunkerque, Flessingue et Rotterdam, a l’avantage de la distance. Ces deux dernières années, les armements qui le mettent en relation avec le Royaume-Uni – DFDS Seaway, CLdL (Cobelfret), P&O ferries, SOL, Samskip – ont inscrit leurs services dans une logistique intégrée impliquant des dessertes ferroviaires de l’hinterland européen. Certains présentent des rotations triangulaires et mettent le pays insulaire en relation, via Zeebrugge, avec la Scandinavie et même la péninsule ibérique et ce, à des fréquences accélérées. Évoquer une chasse aux parts de marchés prête au sourire. Il s’agit bien plutôt d’une course contre la montre que chaque pays mène de concert avec ses ports concernés en vue de préserver les positions du moment. Quels ports resteront en piste? Des deux côtés de la Manche, les parts de marchés sont – de façon égale – subordonnées aux incertitudes. Difficile dans ces conditions d’évoquer un « partage du gâteau » alors qu’il est toujours impossible d’en évaluer son importance et qu’il en sera encore de même au moins pendant les deux prochaines années.

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