Le Channel, toujours enveloppé d’un épais brouillard

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Début décembre, quelques jours avant que Theresa May ne reporte le vote du Parlement, lequel devait se prononcer sur l’accord négocié pendant de longs mois avec l’UE, le gouvernement britannique, craignant le rejet massif du texte par les députés, avait publié un ensemble « révisé » d’hypothèses mettant en évidence une nouvelle analyse des effets d’un Brexit sans accord.

Dans ce document, le 10 Downing Street assurait que les marchandises entrantes ne seraient pas retardées par des contrôles et vérifications supplémentaires, mais soulignait qu’en cas de « no-deal », la Commission européenne imposerait, comme c’est le cas pour les pays tiers, « des contrôles aux personnes et marchandises en provenance du Royaume-Uni ». Les effets négatifs se feraient immédiatement sentir, était-il encore écrit, « principalement aux points de passage des routes les plus courtes et les plus empruntées, impactant Douvres et Folkestone et affectant tant les exportations que les importations ». Dans le pire des cas, cela pourrait « réduire significativement l’accès aux détroits et ce, jusqu’à six mois ».

Les autorités portuaires britanniques sont restées relativement discrètes sur leurs dispositions « Brexit » compte tenu du climat politique très tendu qui règne au Royaume-Uni. Elles se sont néanmoins régulièrement entretenues avec leurs homologues françaises ces derniers mois en vue de minimiser les perturbations, mais contrairement à certains ports européens, elles n’ont jusqu’à présent annoncé aucun plan d’urgence concernant par exemple l’embauche de personnel supplémentaire afin de faire face à l’inflation des inspections.

Itinéraires alternatifs

Le président de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, avait à l’occasion d’une de ces rencontres prévenu que Douvres et Calais s’exposaient à une « catastrophe économique » si les dispositions pratiques – postes d’inspection frontaliers et contrôles douaniers – n’étaient pas prêtes à temps en cas de non-accord. Des retards de seulement deux minutes dans le contrôle des poids lourds pouvaient conduire à des files d’attente de 27 km de part et d’autre de la Manche, avait-il alerté.

« En cas de Brexit dur, les ports rouliers, qui assurent quotidiennement le passage de dizaines de milliers de mouvements de camions et de remorques entre la Grande-Bretagne et l’Europe, pourraient faire face à de véritables défis », convient le directeur général de la British Ports Association, Richard Ballantyne, car « adapter les terminaux et systèmes à de nouveaux process frontaliers en peu de temps sera très difficile ». Les exploitants de ferries ressentent déjà un effet négatif. Niels Smedegaard, directeur général du spécialiste danois du roulier en Europe du Nord DFDS, impute la baisse de ses résultats du troisième trimestre au ralentissement de la croissance économique européenne. « Les entreprises ont besoin de clarté sur les conditions liées au Brexit avant que nous puissions retrouver de la dynamique dans les échanges », justifiait-il.

P&O Ferries affirme travailler en étroite collaboration avec Douvres pour s’assurer que ses services transmanche connaissent le minimum de retards après le Brexit. Dans le même temps, la compagnie a développé discrètement des itinéraires alternatifs pour les trafics rouliers et de remorques non accompagnées, notamment sur les routes Zeebrugge-Hull, Zeebrugge-Tilbury et Dunkerque-Teesport.

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