Avec son lot d’incertitudes mais aussi avec les répercussions inévitables dont le Brexit est porteur, bien des cartes pourraient être rebattues de Cherbourg à Calais en passant par Caen-Ouistreham et Le Havre. Ce qui ne va pas sans créer chez eux une certaine tension et une concurrence nouvelle. « Actuellement et à cause du Brexit qui nous plonge dans une forme d’inconnue, chacun est attentif à ce que fait l’autre, espérant récupérer des marchés voisins tout en veillant à ne pas en perdre », reconnaît Jérôme Chauvet, chez Ports Normands Associés (PNA), l’autorité portuaire dont dépendent les ports de Cherbourg et Caen-Ouistreham. Pragmatiques, les ports normands considèrent le Brexit selon deux points de vue: une menace pour le développement de leurs activités mais aussi une opportunité de conquête de nouveaux marchés. Comme au Royaume-Uni (voir plus loin), l’engorgement prévisible des ports historiquement dominants sur ce marché, Calais au premier chef, suscite chez PNA l’espoir de voir Cherbourg mais plus encore Caen-Ouistreham devenir, pourquoi pas, une nouvelle « porte d’entrée » possible sur le continent. « Il n’est pas exclu que, pour éviter des délais d’attente trop longs dans certains ports surchargés, nous puissions récupérer des flux sur nos ports, confirme Jérôme Chauvet. Et ce malgré des routes éloignées de celles habituellement empruntées. On s’organise en tout cas de façon à être le plus préparés possible en pareille situation ». La réorganisation de l’accueil portuaire et des différents terminaux effectuée, les acteurs locaux attendent désormais d’être avisés sur ce que Londres et Bruxelles vont finalement signer. « Nous sommes très attentifs à jouer notre partition », souligne Jérôme Chauvet. Et puisque chacun, le long de la façade Manche, avance ses pions, Dunkerque et Le Havre font de même…
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Et si on passait par Cherbourg?
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