Les dirigeants portuaires rouennais en parlent depuis 2012, date à laquelle l’approfondissement du chenal de la Seine a été initié pour gagner ce petit mètre de tirant d’eau nécessaire à l’accueil des Panamax. Conformément au planning, l’aboutissement du chantier le plus stratégique de ces dernières années pour le port de Rouen touche à sa fin avec la mise au gabarit du terminal céréalier de Grand-Couronne. Construit en 1971, l’installation spécialisée a traité plus de 70 Mt de grains depuis sa création. Exploité par le groupe coopératif spécialiste des céréales Sénalia, le terminal modernisé sera opérationnel le 10 janvier, annonce l’administration du Grand port maritime de Rouen. Il pourra alors accueillir des vraquiers de 260 m de long, 46 m de large et 12 m de tirant d’eau et sera le « terminal céréalier le plus performant d’Europe avec une cadence de chargement de 3 000 tonnes/heure ».
Le premier chargeur des terminaux amont à Rouen et le port rouennais ont investi ensemble 20,5 M€, respectivement 11,5 M€ par le premier pour trois nouveaux portiques de chargement de céréales et différents équipements et 9 M€ par le second pour recevoir ces nouveaux outillages. Les portiques, construits par l’Allemand Neuero, ont été acheminés de Rostock à Rouen à bord du Palmerton, unité destinée aux colis lourds de la compagnie néerlandaise Combi-Lift.
Rouen, qui se revendique comme le « premier port exportateur de céréales d’Europe occidentale », a capitalisé ces dernières années sur cette image, fort de l’implantation sur son emprise de grands noms du secteur. Sénalia (37 M€, 150 salariés), historiquement situé à Chartres (Eure-et-Loir), a même annoncé en octobre l’implantation de son siège social à Rouen entre fin 2020 et mi-2021. Soufflet, géant mondial de l’agro-industrie implanté dès 1966, apporte en moyenne 150 escales par an au port de Seine-Maritime pour des trafics compris entre 1,5 et 2 Mt. Par ricochet, Rouen subit les ondes des marchés mondiaux des céréales, confrontés depuis quelques années à la montée en puissance de la production de la mer Noire qui représente un tiers des échanges mondiaux.