Ces dernières semaines, à l’occasion du CIMer ou des Assises de l’économie de la mer, le gouvernement a invité les Régions à se positionner sur une éventuelle reprise de la gouvernance de certains ports français. En Nouvelle-Aquitaine, concernant les ports de Bordeaux et de La Rochelle, les réflexions sont toujours en cours. Rien de tranché. « Nous attendons les rapports commandés par l’État en 2018, l’audit sur la gouvernance du port de Bordeaux, celui sur la transformation du modèle économique des ports (CGE-IGF) et l’issue de la concertation sur le modèle portuaire de Bordeaux et La Rochelle. Nous aurons alors une lecture commune avec l’État et nous pourrons passer à une phase de négociation. Le calendrier s’accélère et 2019 sera décisive », indique Mathieu Bergé, chargé des Transports au Conseil régional Nouvelle-Aquitaine.
La baisse des trafics ces dernières années du GPM de Bordeaux (GPMB) et la récente crise de la gouvernance ont donné de la voix à certains pour réclamer une bascule du port dans l’environnement régional. Compétente en matière de développement économique et de transports, déjà gestionnaire du Port de Bayonne par délégation à la CCI, la Nouvelle-Aquitaine – après étude du Ceser et discussions dès 2017 entre représentants portuaires – s’était dite « prête » mais non sans conditions.
« Le coût du dragage de 15 M€ par an ne peut être à la charge de la Région. Ce point est absolument non négociable. De plus, nous souhaitons une neutralité financière de la Région sur le long terme. En 2006, suite au transfert de la gestion du port de Bayonne à la Région, nous avions eu la mauvaise surprise de constater que les opérations d’équipements portuaire n’étaient plus éligibles au contrat de plan État-Région », commente Mathieu Bergé, qui se dit ouvert à un partenariat avec des collectivités territoriales « pas forcément de façon paritaire, mais proche de celui appliqué dans la gestion des aéroports régionaux ».
Philippe Dorthe, élu régional et départemental, mandaté par le Ministère des Transports pour renouer le dialogue social entre la direction du port de Bordeaux et la CGT, élude une « régionalisation pure et dure » et plaide ainsi pour « une meilleure représentation de la Région au sein de la gouvernance portuaire avec par exemple un droit de veto sur la désignation d’un membre du directoire ». Selon lui, la médiation qui vient d’être conduite « a desserré un étau social très dur et permis une oxygénation de la confiance ». Un avis somme toute partagé par la CGT du port de Bordeaux favorable à une participation plus forte des collectivités territoriales mais sans quitter le giron de l’État. Selon leur représentant Cyril Mauran, « c’est hors de question. S’il y a régionalisation, ce sera conflictuel ». La nomination, début 2019, d’un nouveau directeur au GPMB, le mandat de Christophe Masson se terminant en janvier, pèsera de fait aussi dans la décision finale.