Émettant moins de CO2 à la tonne transportée, le fluvial est un mode de transport « environnementalement » vertueux. Mais, au fil des nouvelles normes, les tracteurs routiers se faisant de moins en moins polluants, le fluvial perd peu à peu cet avantage, en particulier en ce qui concerne les émissions d’oxydes de soufre (SOx) et d’oxydes d’azote (NOx). C’est pourquoi la nouvelle norme européenne sur les émissions polluantes des engins mobiles non-routier (EMNR), qui réduit drastiquement les seuils autorisés en matière d’émissions polluantes par rapport à la précédente réglementation fluviale datant de plus de 10 ans, va s’appliquer au transport fluvial à partir du 1er janvier 2019 pour les moteurs de moins de 300 Kw, et à partir de 2020 pour les moteurs d’une puissance supérieure à ce seuil.
Un hic: aucun motoriste ne propose à ce jour de moteur adapté aux bateaux fluviaux et respectant les limites prévues par le règlement EMNR. Pour la respecter, deux solutions sont envisagées: l’utilisation de GNL comme carburant, encore très peu répandu en transport fluvial, ou encore le recours au catalytique et aux filtres à particules pour les moteurs diesel.
Report souhaitable
« Jusqu’à présent, aucun motoriste n’a pu proposer de solution adéquate », confirme l’association bruxelloise European Barge Union (EBU), qui représente les armateurs fluviaux européens. Les premiers moteurs homologués EMNR sont annoncés pour la mi-2019, mais il s’agit de moteurs prévus pour les camions à la norme Euro VI, qui doivent encore faire l’objet d’adaptations techniques, en particulier en ce qui concerne le refroidissement mais aussi la courbe de puissance, ou encore le post-traitement des fumées d’échappement. Et encore ces moteurs ne pourraient-ils convenir qu’aux plus petits bateaux, la puissance nécessaire à la propulsion d’un lourd convoi fluvial n’étant pas comparable à celle des tracteurs routiers.
Une nouvelle proposition a donc été avancée par l’EBU: revoir la directive pour permettre l’utilisation en transport fluvial de moteurs marins de dernière génération, ce qui conduirait à une diminution de 80 % des émissions polluantes par rapport à la situation actuelle tout en permettant d’utiliser des moteurs largement répandus, alors que l’étroitesse du marché fluvial ne pousse pas les motoristes à investir dans des développements spécifiques. Parallèlement, l’EBU propose d’appliquer cette norme marine aux moteurs existants moyennant certains délais. Et ainsi de parvenir plus rapidement à la dépollution du transport fluvial, au regard de la très longue durée de vie d’un moteur de bateau.