L’incapacité toute italienne

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Trois mois après l’effondrement du pont Morandi qui a fait 43 morts, des dizaines de blessés et provoqué le déplacement de 258 familles, à Gênes, la colère monte. Au lendemain de la catastrophe, le gouvernement avait promis aux habitants de la ville que le nouveau pont serait inauguré fin 2019. Mais cela, c’était sous le coup de l’émotion. Car trois mois après le drame, le constat est brutal. Les travaux de démolition n’ont toujours pas commencé et la société qui sera chargée de la construction du nouveau pont n’a pas encore été choisie bien que de nombreux candidats se bousculent devant la porte de Marco Bucci, qui cumule les casquettes de maire et de commissaire à la reconstruction. Des candidats au curriculum pourtant impeccable. Un immobilisme qui n’est pas nouveau. À l’Aquila, la cité médiévale située à 200 km au nord de Rome, détruite par un terrible séisme le 24 avril 2009, la reconstruction n’est toujours pas achevée. À Amatrice, l’autre ville médiévale rasée au sol par un tremblement de terre le 24 août 2016, la moitié des gravats n’ont toujours pas été retirés. À cette incapacité très italienne à s’attaquer à la reconstruction après le drame, s’ajoute celle de penser à la prévention, notion quasiment inexistante. Les faits se répètent à chaque fois la terre tremble. C’est un changement en profondeur qui attend la péninsule, à commencer par apprendre à mieux gérer les fonds européens, alléger sa bureaucratie excessive et cesser de détricoter à chaque fois l’œuvre du précédent gouvernement pour des raisons électoralistes et politiques. Il faudrait aussi que les quelque 71 associations environnementalistes, qui déposent régulièrement des recours, se disciplinent et assimilent le fait que la modernisation d’un pays, et donc une meilleure prévention des risques, ne peuvent pas se faire sans la mise en œuvre d’une politique de grands travaux. Aujourd’hui, quelques 270 chantiers sont bloqués en Italie, dont la construction du troisième corridor qui passe par Gênes, subordonnés à une analyse des coûts/bénéfices décidé par le nouveau ministre des Infrastructures et des Transports, Danilo Toninelli (Mouvement 5 étoiles) pour conserver « l’amitié » de son électorat environnementaliste. Si le chantier du nouveau pont de Gênes, ville jouant un rôle essentiel dans l’économie italienne, devrait échapper à la liste noire, cela ne signifie pas pour autant qu’il sera lancé aussi rapidement que l’avait promis le gouvernement. Cela supposerait d’accepter d’en finir avec l’immobilisme, ce qui est compliqué.

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