En dix ans, le groupe SICA Atlantique, opérateur en logistique portuaire des productions agricoles situé sur le port de La Rochelle, a vu passer son acheminement par train de 100 000 t à 1 Mt de céréales. Le report modal représente aujourd’hui 30 à 40 % des livraisons à l’opérateur rochelais. « Le train permet d’aller chercher des céréales plus loin que le camion », souligne Simon Aimar, directeur de l’activité céréales à la SICA. Alors que le second couvre un rayon de 200 km autour du port, le premier « permet de charger des volumes à 400 km et d’augmenter les exportations. »
Le train permet évidemment de réduire le coût de transport, mais pas seulement. Aussi, le contrôle qualité à la réception des marchandises se fait sur l’ensemble du chargement. Soit 40 t pour un camion contre 1 400 t pour un train. « Le train a un chargement homogène et correspond à une seule qualité », précise le dirigeant.
Seul bémol au report modal, les difficultés en logistique. « Il faut planifier le train deux mois à l’avance et se tenir aux flux prévus. » Ensuite, au déchargement, la souplesse est moindre. « Si les silos de la SICA sont pleins, on peut arrêter les camions, mais ce n’est pas possible avec un train. » En revanche, le train retrouve tout son sens dans les semaines encadrant les récoltes. Il s’agit alors de vider les silos au plus vite pour laisser place à ce qui vient d’être moissonné. Le train peut alors dégager de gros volumes quand les camions ne sont pas nécessairement disponibles.
Pour accompagner la forte évolution de son report modal, le groupe est aussi devenu commissionnaire de transport ferroviaire. Il a passé un contrat avec Fret SNCF et propose une prestation dans ce sens à ses membres, comprenant la traction, de la locomotive au paiement des conducteurs, la location de wagons et l’assurance du transport…
Le manutentionnaire cherche aussi à mieux utiliser les trains. Il a fait l’essai de wagons-citernes remplis d’engrais liquides, ajoutés aux wagons vides d’un train de céréales repartant vers les silos d’une coopérative ou d’un négoce. Il envisage de le faire aussi avec des tourteaux destinés à l’alimentation animale, mais c’est alors plus complexe. Alors que les engrais liquides sont utilisés par les producteurs de céréales, il n’en va pas de même pour les tourteaux destinés, eux, aux éleveurs. « Il faut encore concilier acheteurs de tourteaux et exportateurs de céréales », observe Simon Aimar.