La Commission européenne a présenté en mai 2018 sa proposition de « cadre financier pluriannuel » pour la période 2021-2027. La proposition de budget de l’UE comprend une enveloppe de 30,6 Md€ pour le Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE), le programme européen de financement des infrastructures de transport, que les principaux représentants à Bruxelles du secteur du transport ont jugé très rapidement insatisfaisant. Et l’ont fait savoir à travers la campagne « More EU budget for transport » soutenue par une quarantaine d’organisations professionnelles. Pour celles-ci, la réalisation du réseau transeuropéen de transport (RTE-T) nécessiterait un investissement de 500 Md€ sur la période 2021-2030.
Pour les seuls ports maritimes, l’Organisation européenne des ports maritimes (ESPO) estime les besoins d’investissements pour la période 2018-2027 à 48 Md€. L’ESPO souligne aussi que, pour la période précédente, les ports maritimes n’ont bénéficié que de 4 % des aides européennes dédiées aux infrastructures de transport. En effet, dès 2017, soit trois ans avant son terme, la totalité du budget consacré au MIE pour la période 2014-2020 avait été attribuée, avec des demandes d’allocations 2,5 fois supérieur aux ressources budgétaires disponibles. « Si l’Europe veut mettre en place un réseau RTE-T à part entière et opérationnel, une plus grande attention doit être accordée aux ports », abonde la secrétaire générale de l’ESPO, Isabelle Ryckbost. « Les ports européens jouent un rôle de plus en plus important dans la chaîne de transport et pour l’économie européenne, car ils sont devenus des nœuds importants de l’énergie, de l’industrie et de l’économie bleue en plus de leur rôle traditionnel de transport maritime. Ils peuvent également contribuer à la décarbonisation. Il est temps que l’Europe reconnaisse leur rôle stratégique et soutienne leurs investissements en conséquence. »
Parmi les investissements intéressant les ports maritimes figurent bien évidemment les liaisons ferroviaires et fluviales avec leur zone d’attraction économique. Pour les projets ferroviaires, les fonds européens peuvent être sollicités à hauteur de 40 % du budget total pour les liaisons transfrontalières et jusqu’à 30 % seulement pour les chantiers visant à fluidifier le trafic. Pour les travaux fluviaux, les aides européennes peuvent atteindre 40 % de l’enveloppe du projet dans les deux cas.
860 M€ alloués
Sur la période 2014-2017, les autorités portuaires des ports maritimes européens avaient déposé 168 demandes de subventions, dont 62 ont été acceptées pour une valeur de 860 M€. Parmi les projets soutenus, 75 % concernaient le transport maritime, lequel a absorbé 81 % du montant des aides. Le transport multimodal a aussi bénéficié de fonds européens, avec sept projets ayant décroché 71 M€, soit 11 % des subventions. Le transport ferroviaire dans les ports maritimes, avec cinq projets, a été aidé à hauteur de 80 M€. Quant aux projets fluviaux des ports, ils ont reçu 8 M€, soit 7 % du total des fonds obtenus par les ports.
Mais cela ne représente qu’une partie des projets fluviaux ou ferroviaires intéressant les ports maritimes et subventionnés par l’UE. Car, ces modes de transport ayant souvent pour vocation de desservir l’hinterland éloigné des ports maritimes, les projets peuvent se situer loin à l’intérieur des terres.
Ainsi, pour la France, qui avec 156 M€, figure en tête des pays dont les ports ont été le plus soutenus par l’Europe entre 2014 et 2017, de nombreuses infrastructures ne relèvent pas du domaine portuaire mais sont pourtant essentielles au développement des transports massifiés vers l’arrière-pays. Par exemple, dans le domaine ferroviaire, le contournement de Lyon, que défend Marseille-Fos, mais qui ne figure pas dans les priorités d’investissement du gouvernement, ou la modernisation de la ligne Serqueux-Gisors, actée, pour Le Havre. Sans parler du projet de canal Seine-Nord, qui concerne Le Havre et Dunkerque, et pour lequel les subsides européens sont acquis.