Dans son rapport sur les impacts des alliances, l’OCDE a mis en exergue les difficultés qu’un port rencontre quand il est mis en balance par ces organisations. Situé en Calabre, le terminal à conteneurs de Gioia Tauro est emblématique des impacts sur les ports de transbordement. Depuis quelques années, la décroissance de ses trafics est constante. Sur les trois dernières années, le port a perdu 17,5 % de ses flux. Cette baisse s’explique par sa dépendance étroite à l’armement MSC, par ailleurs actionnaire de la société exploitant le terminal. Car l’alliance 2M (Maersk, MSC) n’utilise le terminal que pour les navires MSC, ceux de Maersk, indique le rapport, préférant toucher les ports du groupe comme Port Saïd, Algésiras ou encore Tanger Med. Le premier armement conteneurisé mondial a cessé d’inscrire Gioia Tauro dans ses escales après avoir quitté le capital de la société en charge de la gestion. Une des raisons invoquées par Maersk concerne l’absence de liaisons intermodales efficaces avec l’hinterland italien.
La situation aurait pu être fatale à Gioia Tauro. Or, pour s’ajuster à la nouvelle donne, il a été décidé de convertir le Medcenter Terminal, du statut de hub à celui de port gateway. Parallèlement, son principal actionnaire, Contship Italia, a investi dans des liaisons ferroviaires avec le centre de l’Europe. Ainsi, Oceanogate, l’opérateur ferroviaire du groupe Contship, a mis en place un système de navettes entre Gioia Tauro et le terminal du groupe à Milan au rythme de cinq fois par semaine. De ce hub ferroviaire, les trains relient ensuite Rotterdam, Venlo, Bâle, Munich ou encore Zurich. Contship Italia a ainsi permis au port calabrais de devenir une nouvelle porte d’entrée du pays, de et vers l’Europe centrale. Le gouvernement italien a participé à cette opération en investissant quelque 275 M€ dans le réseau ferroviaire. Le port de Gioia Tauro a par ailleurs obtenu des fonds européens pour la réalisation d’une zone économique spéciale.