La Méditerranée veut occuper l’espace. Et l’initiative vient de la région Occitanie, le poids de son économie bleue justifiant la fin et les moyens, entend-on. On l’attendait (spontanément) plutôt un peu plus à l’Est, du côté de la seule région en Méditerranée « française » à loger un Grand port maritime, celui de Marseille-Fos.
« J’ai le souvenir que la Méditerranée, il n’y a pas si longtemps, se limitait dans les discours à Marseille et petit à petit, je note que l’on dérive vers Sète et Port-la-nouvelle », triomphe Didier Codorniou, premier vice-président de la Région Occitanie en charge de l’économie maritime. « Il faut que les régions Corse, PACA et Occitanie se fédèrent pour être têtes de proue sur le bassin méditerranéen » dira plus consensuel Serge Pallarès, président de la fédération française des ports de plaisance, de l’Union des villes portuaires du Languedoc-Roussillon et directeur du port de Saint-Cyprien.
Ils étaient tous deux, aux côtés d’homologues d’Espagne, d’Italie et du Maroc
Fond politique
Sur la forme, les deux jours ont aligné conférences et rendez-vous d’affaires « B to Sea ». Il fut question de territoires portuaires et d’énergies marines renouvelables. Le fond reste très politique. Le contexte est lourd d’enjeux pour les villes côtières, confrontées aux risques environnementaux (gestion du trait de côte, submersion, inondations etc.). Le moment s’y prêtait aussi, alors qu’un comité interministériel de la mer venait d’annoncer que la France allait se doter d’une stratégie portuaire nationale, qu’a présentée Vincent Bouvier, secrétaire général de la mer. Et les acteurs qui se sont succédé sur la tribune décèlent dans les 82 mesures annoncées nombre de celles que le Comité France maritime (instance composée de la filière maritime et des régions littorales françaises) et le Parlement de la mer (fédération des acteurs de la mer et du littoral en Occitanie) avaient fait remonter.
Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du Cluster maritime français, a fait florès avec son « facteur 20 » grâce auquel la France a un grand rôle à jouer dans un monde en « maritimisation galopante ».
Un représentant d’Armateurs de France ne demanderait pas mieux que les ports français profitent vraiment des conteneurs qu’ils voient passer et se réjouit « que les décisions soient enfin prises sur la gestion intégrée des ports ». Restent les coûts du travail et la fiscalité élevée, ces deux sparadraps qui collent aux quais.
En fin de séance, Jean-Claude Gayssot, ex-ministre des transports (sous Jospin), aujourd’hui président du port de Sète et de l’association de l’axe rhodanien MedLink, dira qu’il est grand temps que « la France et l’Europe regardent vers le Sud et la Méditerranée car c’est là que tout se joue », la croissance, les opportunités et les « investissements colossaux. »
* Alberto Capatto, directeur général du port de Gênes, Sghir El Filali, directeur de la stratégie à l’Agence nationale des Ports du Maroc et Gabriel de Sandoval, ex-président de la Fédération espagnole des ports de plaisance.