La frénésie des hackathons portuaires se déroule dans les communautés les plus dynamiques et les plus ouvertes. Singapour, Rotterdam ou encore Los Angeles, parmi les pionnières du genre, sont toutes enclines à vouloir se nourrir d’idées disruptives et de réflexions technologiques « hors sol ». L’ambition est bien de légitimer un portage institutionnel et d’orchestrer une dynamique collaborative autour de concepts clés comme la blockchain, l’intelligence artificielle, l’Internet des objets, etc. Les acteurs dominants, que sont les intégrateurs logistiques globaux, les armements maritimes et les opérateurs de manutention, ont saisi les gains d’une digitalisation logistique optimisée: réduction des coûts fixes, opportunités réelles de cyber sécurisation, nouvelles organisations numériques des flux d’informations… Les hackathons sont des événements qui permettent de faire une synthèse entre les tendances numériques globales et les potentiels issus des réalités locales. Pour les autorités portuaires, il convient de s’emparer de ces sujets innovants pour une intégration toujours plus optimale dans le territoire, tant vis-à-vis des acteurs économiques que des habitants et même des touristes. L’ambition demeure de trouver des angles stratégiques de différenciation afin de démontrer que la révolution numérique nourrit de nouvelles idées, pratiques, voire de nouvelles organisations. Les dimensions collective, communautaire et territoriale sont au cœur de la réflexion du hackathon même si la tendance est à la mutualisation des problématiques au sein de « communautés portuaires innovantes » comme dans le cas du « super Hackthon » de l’initiative ChainPort qui a regroupé pendant 3 jours (du 11 au 13 octobre) les ports d’Anvers, de Los Angeles, de Barcelone, de Hambourg et de Montréal.
In fine, la mécanique intellectuelle de ces marathons portuaires part des problématiques du territoire, soulevées idéalement par les acteurs eux-mêmes, qu’ils soient publics ou privés. L’intérêt est de faire cogiter des groupes aux profils hétérogènes, idéalement peu familiers aux sujets portuaires, maritimes ou logistiques. Cela stimule des approches décalées avec des idées « neuves » qui établissent une synthèse entre le problème initial et les solutions que diverses technologies peuvent apporter. Devant la rapidité et le foisonnement des possibles technologiques, les hackathons permettent aux autorités portuaires de disposer d’une photographie à un instant T de la créativité de leur écosystème. Pour un ensemble portuaire multi-sites comme Haropa, ces événements technologiques doivent élargir les perspectives et réfléchir aux ambitions du futur smart corridor.