La littérature de la navigation commerciale retient comme première incursion, celle du pétrolier américain converti en brise-glace Manhattan en 1969 pour un voyage-test entre la baie de Prudhoe, en Alaska, et la côte Est des États-Unis.
Septembre 2008. Pour la première fois les deux passages, canadien (Nord-Ouest, PNO) et russe (Nord-Est, PNE), reliant les océans Atlantique et Pacifique, sont restés simultanément libres de glaces pendant quelques jours. En 2009, la compagnie allemande Beluga Shipping s’y risque avec les deux premiers cargos occidentaux de 13 000 tpl, les Beluga-Fraternity et Beluga-Foresight, partis d’Ulsan (Corée du Sud) pour rallier le port de Novy (estuaire de l’Ob) et livrer quelque 9 000 t de fret, avant de terminer leur voyage à Rotterdam, via Mourmansk. L’année suivante, le SCF-Baltica fut le premier pétrolier russe à relier Mourmansk aux côtes chinoises, par le détroit de Béring.
Sans escorte
En 2013, le chinois Cosco lance un cargo de 19 000 t et 160 m à partir du port de Dalian qui, après escales à Shanghai et Busan, atteint Rotterdam en un mois.
La même année, un vraquier jaugeant 73 000 tonnes à coque renforcée de classe glace 1A, Nordic-Orion, de l’armateur danois Nordic Bulk Carriers AS, appareille avec un chargement de charbon de Vancouver à destination de Pori (Finlande) via le PNO.
En août 2017, un méthanier de 300 m franchit sans escorte le PNE. Il s’agit du « premier navire commercial à emprunter seul cette Route du Nord qui permet de rejoindre en 15 jours l’Asie par le détroit de Béring », indiquait Total. Le méthanier Christophe-de-Margerie est opéré par le groupe public russe de transport maritime Sovcomflot pour le compte de Total et de trois autres compagnies (le n° 2 russe du gaz Novatek, le groupe pétrolier chinois China National Petroleum Corporation et le fonds chinois public Silk Road Fund). Il est dédié à transporter le GNL produit sur la péninsule russe de Yamal vers l’Europe et l’Asie. Quinze méthaniers au total rempliront cette fonction.
En septembre dernier, le Venta Maersk, parti de Vladivostok pour Saint-Pétersbourg, est le premier porte-conteneur à avoir pris la Route maritime Nord (RMN). Il incarne une nouvelle génération de navires « ice-class » et était propulsé par un carburant à très faible teneur en soufre. Un peu avant l’heure. En avril dernier, les États-membres de l’OMI se sont engagés à interdire l’utilisation et le transport de fuel lourd dans l’Arctique « dans un délai approprié ». L’armateur danois Maersk indique dans un communiqué que « cet essai doit éprouver la faisabilité opérationnelle du transport de conteneurs par la RMN et pas une alternative commerciale à notre réseau existant, défini par la demande, la structure des échanges commerciaux et les bassins de consommation ». Le 3 600 EVP a réalisé 15 000 km en 37 jours.