En tant que hub incontournable pour les navires voyageant entre l’Asie et l’Europe, le port de Singapour, qui a milité pour décrocher un statut d’observateur au Conseil de l’Arctique, est sans doute celui qui a le plus à perdre dans la perspective de l’ouverture d’une nouvelle route maritime polaire. « Paradoxalement, je m’interroge sur les ports satellites de la Russie, notamment ceux situés en Baltique et Scandinavie, qui pourraient être exclus de convois maritimes qui feraient Russie sibérienne-Russie occidentale-Anvers-Amsterdam-Rotterdam. Même interrogation avec des ports chinois centraux et méridionaux qui pourraient perdre de leur superbe au profit de ceux plus septentrionaux qui sont déjà des grandes portes industrialo-portuaires comme Dalian », répond Yann Alix.
« La cite-État de Singapour s’est insérée très tôt dans le dialogue arctique pour s’y créer une place. Il est d’ailleurs l’un des États-observateurs les plus actifs, impliqué sur des projets de construction navale pour l’exploitation pétro-gazière, minière, et offshore, via des prises de participation dans des projets d’infrastructure, ou encore en tant que conseil aux acteurs de la région pour la gestion du futur trafic maritime et le développement d’énergies nouvelles »,explique Mikaa Mered qui a notamment travaillé sur l’Arctique à Singapour en 2015 et 2018.
« J’y vois pour ma part une clairvoyance stratégique, ajoute Yann Alix, à la fois sur les potentielles menaces de la Route du Nord mais qui pourraient se transformer en opportunités, notamment par le placement de capitaux dans de futurs modèles d’affaires reposant sur des consortiums capitalistiques internationaux et protéiformes ».