De nouvelles routes maritimes?

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Selon les historiens, l’histoire de l’Arctique est ponctuée de « premières » historiques. Pour les médias, le moindre mouvement d’un bateau sur ces immensités gelées est relaté comme une grande épopée. Pour le public, la simple évocation du cercle polaire convoque un univers nourri des grands récits d’aventure à la Stevenson.

Dans la réalité, la navigation n’a rien de l’« Artic fiction » ni d’un mirage, à condition de s’entendre sur la façon d’appréhender ces nouvelles routes. Dans l’absolu, ce territoire, situé à mi-chemin de l’Europe et du continent nord-américain, à la convergence des océans Atlantique et Pacifique, fait fantasmer tous ceux qui voudraient en faire une alternative aux grands canaux interocéaniques de Suez ou de Panama, par lesquels transitent aujourd’hui 17 550 navires et 430 Mt de marchandises pour le premier et 13 548 bateaux et 403,8 Mt de fret pour le second.

Dans la course au juste-à-temps qui caractérise le transport maritime, les routes arctiques pourraient offrir cet élément de marché stratégique: des distances, selon les itinéraires, plus courtes d’au moins 6 000 km. Ce n’est cependant pas le bon prisme pour aborder ces marchés.

La zone n’en reste pas moins digne d’intérêts, au-delà de ses prolifiques gisements pétroliers et miniers. Et les grands mouvements géopolitiques dont elle est le théâtre, la déclinaison polaire des Routes de la Soie par Pékin et les investissements en infrastructures, en témoignent.

L’histoire polaire est donc ponctuée de grands moments « arctiques » depuis 1969 lorsque le pétrolier américain converti en brise-glace Manhattan entreprit un voyage-test entre la baie de Prudhoe, en Alaska, et la côte Est des États-Unis. Depuis, de nombreuses grandes « premières » se sont succédé. Est-ce que les Annales retiendront l’expérience toute fraîche du Venta Maersk comme un grand « moment »? Ce navire de 3 600 EVP « ice-class » se revendique comme le premier porte-conteneur à avoir emprunté la Route maritime du Nord, partie encore peu praticable du Passage Nord-Est (longeant les côtes russes).

« L’essai doit éprouver la faisabilité opérationnelle du transport de conteneurs et non pas une alternative commerciale à notre réseau existant », a fait valoir, prudent et réaliste, l’armateur danois.

Le port de Rouen, lui, se souviendra certainement d’avoir accueilli pour la première fois en France le brise-glace Tian-En de Cosco, parti de Chine pour rallier la France via les eaux glacées. Rien d’un test en l’occurrence. Le navire était chargé de 63 colis lourds, dont 21 pâles d’éoliennes. Il aura mis 12 jours de moins que par les routes traditionnelles.

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