Les armements, nouveaux « players » de la chaîne logistique

Article réservé aux abonnés

Au cours de la période récente, la cartographie des acteurs de la manutention de conteneurs en Espagne a été profondément modifiée. En 2015, APM Terminals, filiale du groupe Maersk, avait racheté la société espagnole TCB qui disposait de terminaux dans les ports de Barcelone, Valence, Castellón et Gijón, ainsi que de deux sociétés de transport ferroviaire et d’un terminal à Saragosse. Déjà présent à Algésiras, l’opérateur danois renforçait de façon significative sa présence dans la manutention de conteneurs en Espagne.

Il y a un peu plus d’un an, en septembre 2017, la compagnie hongkongaise Cosco a acquis 51 % du capital de Noatum Ports qui contrôle deux terminaux publics de conteneurs (Valence et Bilbao) ainsi que les ports secs de Madrid (Conterail) et de Saragosse (Noatum Rail Terminal Zaragoza). Noatum Ports a cédé, en octobre 2017, sa participation (45 %) dans le terminal de conteneurs de Las Palmas aux Canaries (OPCSA) au profit de MSC qui en contrôle désormais 100 % du capital. L’opérateur italo-suisse dispose de son propre terminal à Valence.

En 2017 également, Hyundai Merchant Marine (HMM) a racheté la participation de Hanjin Shipping dans Total Terminal International Algeciras (TTIA), le 2e opérateur de conteneurs du port andalou. En définitive, quatre grands acteurs du shipping (Maersk, Cosco, MSC et HMM) sont donc bien installés dans les ports espagnols. La cartographie est complétée par le groupe Hutchison, présent à Barcelone.

Mouvements dans le rail

Le fait nouveau est la volonté des opérateurs de terminaux de conteneurs d’accroître leur présence dans la chaîne logistique, en prenant pied dans le transport ferroviaire de marchandises. Une démarche logique puisque les pré et post-acheminements portuaires représentent plus des deux tiers du fret ferroviaire en Espagne. En février 2018, Noatum Ports a ainsi annoncé la mise en place d’un service ferroviaire hebdomadaire entre le terminal de Valence et le port sec de Saragosse, via la ligne en cours de modernisation actuellement. La capacité est de 61 EVP et la durée du trajet est de huit heures. La société a annoncé sa volonté de lancer un service similaire entre Saragosse et le terminal de Bilbao. À terme, l’objectif est de relier Bilbao et Valence, les deux façades maritimes du pays, et de capter davantage de trafics sur un hinterland élargi qui inclut le Sud de la France.

Concurrence dans les ports secs

Mais la stratégie la plus audacieuse est celle suivie par MSC. En 2015, le groupe a racheté la division fret de l’opérateur ferroviaire public portugais, CP Cargo, devenue Medway, avec une volonté de développer une stratégie à l’échelle de l’ensemble de la péninsule Ibérique (Espagne et Portugal). En novembre 2017, un accord avec l’opérateur public espagnol Renfe a permis d’établir une liaison entre le port de Sines (Portugal) et le terminal de Mérida en Estrémadure (Espagne). Après avoir obtenu le feu vert des autorités espagnoles, Medway a fait rouler un premier convoi entre Valence et Madrid en février 2018.

Puis deux autres services ont été lancés cette année, entre Sines et Séville (capacité de 100 EVP) et entre Séville, Cordoba et le port de Valence, dessinant ainsi un véritable « corridor » au sud de l’Espagne, qui intéresse notamment les exportateurs de l’agroalimentaire. En plus de simplifier l’accès aux terminaux portuaires, MSC se positionne en vrai « facilitateur » logistique. Ainsi, sur la ligne Séville-Sines, le service offre la possibilité de réaliser les opérations douanières dans la capitale de l’Andalousie avant d’expédier la marchandise vers Sines puis de la faire monter à bord du navire.

La gestion des ports secs fait désormais l’objet d’une concurrence inédite entre opérateurs. L’appel d’offres lancé par ADIF, l’entreprise publique propriétaire du réseau, pour la gestion du terminal logistique de Jundiz, au Pays basque espagnol, a vu s’affronter deux offres: l’une constituée par l’entreprise publique Renfe et APM Terminals Railway; l’autre par SIBport, société en charge du trafic ferroviaire du port de Bilbao dont les actionnaires sont l’Autorité portuaire, Noatum Ports et Transitia. C’est cette dernière qui l’a emporté en juillet dernier.

Dossier

Archives

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15