Fin juillet, le trafic conteneurs en Chine battait un nouveau record avec un volume de 142,844 MEVP, en hausse de 4,8 % par rapport à 2017 et les principaux ports étaient presque tous en progrès: Shanghai, en croissance de 4,4 %, à 24,057 MEVP; Ningbo-Zhoushan, de + 5,9 %, à 15,436 MEVP; Shenzhen, de + 1,1 %, à 14,352 MEVP; Guangzhou, de + 8,5 %, à 12,362 MEVP ou encore, Qingdao, de + 3,2 % à 9,381 MEVP. Et ce, en dépit de la décision en janvier de Pékin, première destination mondiale pour le recyclage, de fermer ses ports à l’importation de 24 catégories de déchets solides. Ce qui s’est soldé sur les deux premiers mois de l’année par une baisse de 30 % des arrivées en provenance des États-Unis (en 2016, ils avaient envoyé vers la Chine plus de la moitié de leurs exportations de déchets de métaux non ferreux, papiers et plastiques en Chine en 2016, soit 16,2 Mt).
Effet « Alliances »
Seule ombre au tableau chinois, Hong Kong, qui a vu sur la même période son trafic s’infléchir de 4,4 % à 11,5 MEVP principalement en raison des transbordements. La tendance s’est poursuivie en août (– 4,3 %) et aggravé en septembre (-16,2 %). À ce rythme, le port ne pointera plus qu’au 6e rang mondial à la fin de l’année, dépassé par Busan qui a traité 12,44 MEVP. Manque de places pour les plus gros porte-conteneurs, coûts de manutention plus élevés que dans les ports voisins… Les causes, certes pas nouvelles, sont devenues plus pénalisantes en raison de la montée en taille des navires.
Avec une hausse de 10,2 % à 27,3 MEVP de janvier à septembre, Singapour continue de profiter des réorganisations de lignes opérées par les alliances en 2017 ainsi que du développement de son terminal CPT. La cité-État bénéficie en outre du dynamisme économique des pays du Sud-Est asiatique, dont les exportations et importations augmentent, et de la « récupération » d’une partie des déchets auparavant expédiés en Chine.
En Asie du Sud-Est, le trafic portuaire progresse presque partout avec notamment Colombo (+ 15,6 %), à 3,4 MEVP, et le Vietnam où il a bondi de 27 % sur 9 mois. Par ailleurs, en Inde, l’autorisation donnée en mai aux armateurs étrangers de faire du cabotage a, de leur avis, accru les transbordements dans les ports locaux de près de 100 000 EVP en quatre mois. Des transbordements auparavant effectués dans les ports de Colombo, Port Kelang (Malaisie) et Singapour.
Les flux commerciaux depuis et vers le Sud-Est asiatique contribuent également aux résultats positifs des ports de Chine et des autres pays d’Asie du Nord-Est. À Taïwan, le trafic a ainsi progressé de 2,9 % malgré les tensions entre les deux pays. Au Japon, le trafic conteneurs a augmenté de 1,7 % à 2,9 % selon les ports de Nagoya, Kobe, Tokyo et Yokohama. En Corée du Sud, Gwangyang affiche une progression de 8,5 %, Busan de 4 % et Incheon de 3,7 %. Des performances toutefois inférieures à celles attendues pour les deux derniers, affectés par la fin des échanges avec l’Iran et une baisse des exportations de produits intermédiaires vers la Chine en raison du conflit commercial avec les États-Unis.
Pourtant, les exportations de conteneurs de l’Asie vers les États-Unis ne se sont pour l’heure jamais aussi bien portées. Après un mois d’août quasi stable (– 0,1 %), elles ont repris un cours haussier en septembre, de 6,5 % par rapport à 2017 pour atteindre 1,45 MEVP, dont + 4,2 % pour la Chine, à 921 194 EVP. Sur les neuf premiers mois, la progression est de 6,3 % à 12,25 MEVP. Effet anticipateur. Les importateurs américains ont en effet garni leurs stocks avant l’accroissement des droits de douane. HMM estime qu’une nouvelle poussée du trafic pourrait, pour la même raison, intervenir en fin d’année en prévision d’un accès de fièvre supplémentaire des taxes, de 25 % sur les produits chinois, notamment annoncée pour janvier. L’armateur s’attend cependant à une chute conséquente au début 2019.
Qu’adviendra-t-il si le conflit perdure? Pour la grande majorité des analystes, le trafic transpacifique ne baissera pas de manière significative mais les flux évolueront car l’essentiel des produits taxés par Trump ne sont plus fabriqués aux États-Unis, ce qui les astreint à trouver de nouvelles sources d’approvisionnement. À ce jeu des chaises musicales, le Sud-Est asiatique devrait être le grand gagnant d’autant que des entreprises chinoises songent à y délocaliser une partie de leur production pour contourner les sanctions américaines si elles s’éternisent.