Le naufrage de l’Amoco-Cadiz en 1978 et les milliers de tonnes de pétrole déversées avaient contraint les autorités à prendre des dispositions afin d’éviter le renouvellement de pareilles catastrophes. Le contrat d’affrètement passé entre la Marine nationale et le groupe Bourbon permettait aux préfets maritimes de disposer de deux remorqueurs d’intervention, d’assistance et de sauvetage (RIAS) qui, placés sous leur autorité devaient assurer une veille 24H/24, 365 jours par an. Le Flandre à Brest et le Languedoc à Cherbourg ont rempli cette mission jusqu’en 2005. L’arrivée de l’Abeille-Bourbon à Brest et de son jumeau Liberté à Cherbourg a conduit à leur réaffectation, respectivement à Toulon et dans le Pas-de-Calais.
Construits par le chantier Ulstein en Norvège, respectivement en 1978 et 1979, l’Abeille-Flandre et l’Abeille-Languedoc vont désormais être remplacées et un appel d’offres pour le renouvellement lancé. Jean-Paul Hellequin, le président de l’association Mor Glaz (qui a pour objet « la défense de la mer, des marins, de la faune et de la flore marine ») s’inquiète du choix qui sera effectué.
Il rappelle notamment que l’objet de cet appel est de sélectionner un armateur français capable de construire deux remorqueurs de haute mer qui seront affectés par l’État à la sécurité des marins et des biens le long des côtes françaises et de protéger la mer en secourant les navires en difficulté.
Il poursuit en déclarant que « le prix bas dans ce secteur ramène toujours vers une complaisance sociale et technique ».
Or, le gigantisme croissant de certains navires – porte-conteneurs de plus de 20 000 boîtes ou paquebots transportant 8 500 personnes –, exige des remorqueurs et des équipages capables d’assurer des sauvetages par toutes conditions météorologiques, tient-il à rappeler. Il précise que la mise en place des moyens actuels a permis d’éviter 23 catastrophes de même ampleur que celle de l’Amoco.