« L’Afrique? C’est la zone de chalandise du premier port maritime de la façade Atlantique », affirme Francis Bertolotti, président du conseil de surveillance de Nantes-Saint-Nazaire Port. De fait, en 2017, le territoire africain, avec 30 % du trafic de conteneurs, s’est classé au deuxième rang des destinations desservies par Nantes-Saint-Nazaire Port, juste derrière l’Asie et devant les Antilles. Avec deux trafics principaux: les conteneurs assurés d’une part, par la ligne régulière Deepsea de CMA CGM entre Montoir-de-Bretagne et Tanger (Maroc), Dakar (Sénégal) et les ports de San Pedro et Abidjan en Côte d’Ivoire et, d’autre part, la ligne Europe du Nord de MSC, qui fait un crochet vers Casablanca, avant d’effectuer le tour de l’Espagne et du Portugal, et de remonter vers Montoir puis Anvers. Sur le trafic roulier, la ligne de Flota Suardiaz Montoir-Vigo descend jusqu’à Tanger et Casablanca. Enfin, la Milk Run Med déployée par LD Seaplane pour Airbus effectue une boucle entre Montoir, Tanger, Tunis, Naples, Cadix et Montoir. « Ce qui nous a permis de développer des trafics tiers à partir des ports d’Afrique du Nord », explique Jean-Baptiste Gouïn, directeur de la relation clients de Nantes Saint-Nazaire Port. Mais c’est sur l’agroalimentaire que le premier port de la façade Atlantique entend récupérer des trafics à l’importation. Et notamment sur la banane dont il est privé depuis plusieurs années.
Valeur ajoutée
En 2012, au lendemain de tempêtes tropicales, l’Union des producteurs de fruits tropicaux, aux Antilles, aurait préféré revoir ses schémas logistiques pour finalement privilégier le port de Dunkerque. Avec l’accélération des perturbations météorologiques, les producteurs ont été contraints de trouver des cieux plus cléments. En l’occurrence de s’établir en Côte d’ivoire et au Sénégal. Des destinations touchées par les lignes au départ de Montoir sur lesquelles le port nantais entend capitaliser.
« Il s’agit de venir s’intégrer à la supply chain existante », affirme Jean-Baptiste Gouin, dont les services étudient depuis deux ans le potentiel du projet. « Tout est question de volumes », dit-il.
« Pour cela, nous allons à la rencontre des armateurs, des industriels, des distributeurs, des commissionnaires, des logisticiens… pour consolider les trafics vers l’Europe du Nord, prouver que la démarche a du sens et amener de la valeur ajoutée », précise Jean-Baptiste Gouïn qui a, dans ses cartons, le projet de construction d’un entrepôt de stockage à température dirigée sur la zone portuaire de Montoir pour répondre aux besoins de l’import et de l’export. Et devenir ainsi pertinent et concurrentiel au regard du Lead Time, le transport de porte-à-porte. Le bâtiment pourrait atteindre 18 000 m2, voire plus si les flux le justifient.
Des démarches de pré-commercialisation devraient être engagées dès le mois prochain pour évaluer la faisabilité d’un projet qui pourrait, s’il est validé, devenir opérationnel en 2020.