Depuis la crise de l’économie espagnole en 2009, les entreprises de la péninsule prospectent activement tous les marchés dans le monde, y compris en Afrique. Ce continent a représenté 6,6 % du total des exportations espagnoles en 2017, le Maroc concentrant à lui seul 3 % des ventes.
Les chargeurs espagnols peuvent bénéficier de la proximité géographique et surtout l’excellente connectivité des grands ports espagnols, grâce à leur activité de transbordement international. Algésiras, hub de trafic situé au croisement des axes Nord-Sud et Est-Ouest, offre 39 lignes régulières vers l’Afrique de l’Ouest. Le port de Barcelone en propose à peine moins (32) vers l’ensemble du continent africain. Lors de l’édition 2018 du salon logistique brésilien Intermodal, Puertos del Estado, l’entité publique qui chapeaute les ports de commerce espagnols, a particulièrement vanté le rôle de l’Espagne comme plateforme notamment vers l’Afrique.
Les annonces récentes de plusieurs compagnies maritimes témoignent par ailleurs de l’intérêt des chargeurs et des transitaires. En janvier 2018, le port de Barcelone a été intégré dans le service Europe-Algérie de Seago, filiale du groupe Maersk. En septembre, CMA CGM a réorganisé le service Euraf 4 et Valence est ainsi devenu le port de départ et d’arrivée, tandis que les escales de Marseille sont assurées par feeders.
51 % du PIB espagnol
Cette décision renforce la position de Valence en tant que principal port pour l’activité import-export de conteneurs vers l’Afrique. MSC y a installé un hub de transbordement international, notamment vers et en provenance du continent. Le port dispose d’une bonne connectivité en termes de lignes régulières vers les principaux ports: Dakar (12), Abidjan (10), Lomé (6), Tema (6), etc. Valence jouit, par ailleurs, d’une localisation privilégiée en Espagne: c’est le débouché naturel des entreprises des régions de Valence, Castille et Madrid. Dans un rayon de 350 km s’y concentrent 51 % du PIB espagnol.
En dépit de ces atouts, les entreprises espagnoles demeurent confrontées à une situation difficile en Afrique: fluctuations conjoncturelles dans les pays pétroliers, concurrence forte, notamment de la part de la France en Afrique de l’ouest, sans parler de l’emprise de la Chine, absence de liens historiques (excepté pour le Maroc et la Guinée équatoriale) et de relais sur place.
Dans ces conditions, la contribution du Maghreb et de l’Égypte s’avère décisive: ils expliquent à eux deux la progression des exportations vers le continent africain pendant le premier semestre de 2018 (+ 4,2 %).