Les liens qui unissent les ports de Haropa et le continent africain datent. Avec les pays de la côte occidentale, ils sont même historiques. Mais, dans un monde en perpétuel mouvement, la conquête de nouveaux marchés est un impératif portuaire. Les missions commerciales de Haropa sur le continent africain ont ce double objectif de consolider le réseau existant et d’évaluer le potentiel économique de certaines zones géographiques. Patrick Bret, le responsable commercial Afrique-Dom-Tom pour Haropa, est ainsi constamment sur le terrain, accompagné par des commissionnaires de transport, des transitaires et des logisticiens rouennais ou havrais. Depuis 2015, les missions commerciales du GIE Haropa vers l’Afrique se sont multipliées. « Les pays d’Afrique de l’Est sont en croissance. Le Kenya ou la Tanzanie ont des couloirs de transport bien développés, un PIB en progression et misent sur les nouvelles technologies… », analyse Patrick Bret. Les partenaires de longue date de Haropa que sont le Maroc, la Côte d’Ivoire et le Sénégal affichent également une bonne santé économique. C’est moins le cas, note Patrick Bret, des pays pétroliers et gaziers, Gabon, Angola et Nigéria. « Ils ne sont pas relevés de la baisse du prix du baril de ces dernières années et ne profitent donc pas de la reprise ».
« Paramètres annexes »
En Afrique, la géopolitique n’est jamais très loin ni désindexée de l’état de santé du pays, signifie le responsable, qui se doit d’être attentif aux « paramètres annexes ». Ceux-ci ne facilitent pas la stratégie commerciale d’Haropa. « Le Mali et le Niger sont entravés par les guerres et les conflits internes. La République démocratique du Congo reste sujette à des problèmes politiques et le Cameroun est dans l’attente de nouvelles élections (7 octobre, NDLR) ».
Dans un environnement encore marqué par de nombreuses zones à risques, Haropa jongle. « Les ports de Rouen et du Havre ont toujours eu des relations privilégiées avec le Sénégal, la Côte d’Ivoire ou le Cameroun. Mais aujourd’hui, nous nous penchons également sur les pays anglophones ». En essayant de sortir des sentiers battus, explique-t-il.
En cibles, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Nigeria ou le Ghana, « un pays stable en développement où nous avons également organisé des déplacements ». En avril, l’écosystème portuaire « était en Guinée Conakry, un pays en renouveau démocratique. En septembre, nous avons également mené une mission à Madagascar, zone en développement ».
Auprès des ports africains qui ont misé sur le tout-conteneur à l’instar de Lomé (Togo) ou du port en eaux profondes de Kribi (Cameroun), ou qui ont fait de gros investissements pour se doter de meilleurs infrastructures et équipements comme Abidjan (Côte d’Ivoire), Haropa peut faire valoir les dessertes de pas moins de 14 compagnies maritimes. « Sur l’Afrique de l’Ouest, 36 ports sont ainsi touchés. Ceux d’Afrique de l’Est eux sont plutôt desservis par transbordement via la Méditerranée ou le golfe d’Aden ». Mais aussi jouer la carte de la complémentarité de ses ports, Le Havre et Rouen.
« Chacun a son rôle à jouer, l’un dans le conteneur, l’autre sur du trafic sur mesure, type Breakbulk/ colis lourds, roulier ou vrac sec. Les deux sont reliés par des barges fluviomaritimes avec des départs journaliers » dit à dessein Patrick Bret car en Afrique, la taille des porte-conteneurs accueillis ne cesse d’augmenter et Rouen ne reçoit guère plus que des moins de 3 000 EVP.
Pour le spécialiste des marchés africains, le breakbulk constitue un intéressant levier de croissance (en 2017, le segment a représenté un trafic de 185 000 tonnes au départ de Rouen vers l’Afrique). Ces flux sont assurés à l’heure actuelle par sept armements, ce qui permet de toucher 27 ports.
« Pour ce qui est du Ro-Ro par exemple, MSC s’est lancé sur l’Afrique de l’Ouest cette année à partir du Havre. Grimaldi est également présent sur ce segment de trafic au départ du Havre ».
L’exportation de véhicules d’occasion sur l’Afrique est un autre chantier. Pour ce faire, les trois ports de l’axe Seine ont fait le nécessaire administratif pour se conformer aux réglementations internationales exigées. « Les véhicules d’occasion à l’exportation font l’objet de certifications. Des armements comme MSC et Grimaldi s’intéressent à ce type de trafics ». Pas forcément évident.
Grand exportateur de véhicules d’occasion en provenance d’Europe, le Nigeria a freiné ses imports en raison de sa situation économique. Enfin, les ports du bassin de la Seine s’intéressent également aux pays dits enclavés en Afrique et planchent avec les chargeurs africains à des solutions qui permettraient de minimiser les coûts de transport.