La côte orientale de l’Afrique n’est pas à l’abri des batailles. Si elle n’a pas éradiqué tous ses démons (piraterie, conflits en Somalie), elle peut toutefois compter sur la forte croissance économique de quelques-uns de « ses pays », telle l’Éthiopie, dont on sait à quel point les importations de ce pays sans accès à la mer et au marché intérieur de 97 millions d’habitants profitent au port de Djibouti. Mais l’Éthiopie pourrait s’en affranchir en passant par Berbera, au Somaliland, dans le Nord-Ouest de la Somalie. En mars, l’opérateur portuaire en charge de la concession depuis 2016, DP World, et les gouvernements éthiopien et somalilandais ont signé un accord donnant à l’Éthiopie 19 % des parts du port tandis que DP World conserve 51 % et le Somaliland, 30 %. Cet accord a suscité la colère de Mogadiscio. DP World prévoit cependant d’investir 442 M$ (359 M€) pour développer Berbera.
Le port Kenyan de Mombasa, au dense réseau routier et ferré le reliant aux pays voisins, rivalise, lui, avec l’historique Doraleh (Djibouti), administré par China Merchant Holdings International et élément-clé de la nouvelle route de la soie voulue par Pékin. En mars dernier, s’achevait la zone franche internationale de 48 km2 tandis que trois autres terminaux sont en projet ou en construction. Dar es Salaam en Tanzanie, sous-dimensionné pour accueillir les porte-conteneurs excédant 2 500 EVP, est aussi menacé. Du coup, la Tanzanie porte à 60 km le projet de Bagamoyo avec l’ambition de devenir le hub de la façade orientale africaine pour les importations depuis l’Asie et pour les exportations de ses voisins enclavés. China Merchants Holdings International (CMHI), la société chinoise contrôlée par l’État, et le Fonds de réserve général du sultanat d’Oman (SGRF) – contribueraient à hauteur de plus de la moitié aux 7,6 Md€ nécessaires.
Dans la corne Sud, les projets existent mais pas de nature à ébranler Durban même si le Mozambique rivalise de faire jeu portuaire égal avec ses voisins en concrétisant le port en eaux profondes de Techobanine non loin de Maputo pour lequel les gouvernements du Botswana, du Mozambique et du Zimbabwe se sont engagés à y adjoindre une ligne de chemin de fer de 1 700 km traversant leur pays respectif.