Les ports: ces fenêtres si politiques et tellement stratégiques!

Article réservé aux abonnés

Dans le contexte actuel de globalisation économique mais aussi de constriction géopolitique, le rôle du port et sa légitimité en tant qu’autorité régalienne questionnent quant à sa gouvernance politique, son modèle économique et son rôle stratégique…

L’interface portuaire a de tous temps été un laboratoire des relations partenariales entre le secteur public et le secteur privé. Or, l’actualité récente a fourni quelques illustrations d’une évolution pour le moins contrastée, allant d’une « marchandisation internationale de l’autorité portuaire » aux ambitions de reprise en main d’une gouvernance plus territorialisée.

Quand l’hydre maritimo-portuaire chinois Cosco Shipping absorbe le hong kongais OOCL fin juin 2018, les autorités fédérales américaines rejouent la dramaturgie politicienne qui avait conduit DP World à abandonner le contrôle opérationnel de 5 concessions conteneurisées sur le sol américain suite à l’acquisition capitalistique de l’anglo-australien P&O Ports North America.

C’était il y a 12 ans. Aujourd’hui, pour satisfaire les exigences du Comité américain sur les investissements étrangers, Cosco Shipping « lâche » le terminal d’Overseas Orient International Ltd’s (OOIL), laissant les autorités portuaires de Long Beach, principale porte d’entrée, avec son voisin Los Angeles, des flux entre l’Asie et les États-unis chercher un nouvel opérateur sous la pression de Washington DC.

Quand Port of Antwerp International (PAI) est contractualisé directement par le gouvernement béninois pour optimiser la rentabilité de l’autorité portuaire, un certain émoi secoue la fierté d’une population consciente que le Port autonome de Cotonou constitue le poumon économique de la nation. PAI est une filière à 100 % du port d’Anvers, lui-même devenu une société anonyme en 2016. L’objectif présidentiel de la réforme lancée en 2018 demeure de rendre la gouvernance plus efficace et plus productive en insufflant à l’organe public plus de compétences… et de transparence.

Quand Hervé Morin, président et de la région Normandie et de Ports Normand Associés, revendique sa prédisposition à prendre en main la gouvernance des ports normands du GIE Haropa (Le Havre-Rouen-Paris), dans le même temps, Matignon finalise les contours d’une réforme portuaire visant à renforcer la compétitivité des grandes places portuaires nationales.

Dans un contexte de compétition interportuaire et sur fond de Brexit, il y a urgence à inventer les fondamentaux territoriaux, managériaux et stratégiques d’une gouvernance portuaire française qui ne devra surtout pas oublier les acteurs privés dans les structures décisionnaires car ils restent, quoi qu’on en dise, les donneurs d’ordre, les organisateurs de flux et les « coproducteurs de valeur ajoutée ».

* cf. Yann Alix, 2016, Histoires courtes maritimes et portuaires. D’Afrique et d’ailleurs. EMS Editions.

Tribune libre

Archives

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15