Grâce à son nickel dont il est l’un des pourvoyeurs mondiaux avec 9 % des réserves et trois grands producteurs – VNC qui produit du sulfate de nickel et du cobalt de haute pureté, SLN et KNS qui produisent du ferronickel pour les aciers inoxydables destinés notamment à l’industrie aéronautique –, Nouméa pourrait avoir un choix de riche: rester un port « principal » sur le trajet de la ligne « tour du monde » et défendre davantage sa position de plateforme de transbordement face à Fidji. Ou accepter de ne plus être relié aux routes maritimes que de façon secondaire après transbordement à Tauranga (Nouvelle-Zélande) ou à Sydney (Australie), devenu extrêmement performant grâce à un terminal entièrement automatisé.
« Il y a actuellement une volonté politique de mettre les moyens pour permettre au port de Nouméa de rester compétitif sur les lignes commerciales de la région », avait répondu indirectement Daniel Houmbouy, directeur du port autonome, dans un entretien au Marin en novembre 2017.
Jeu perturbé
Il confirmait alors qu’allaient enfin démarrer des travaux déjà inscrits dans le précédent schéma directeur (2002-2012) – porter le quai de commerce de 700 m de linéaire à 950, réaliser le dragage de la grande rade – mais jamais exécutés suite à la défaillance de la société titulaire du marché. L’extension du quai, actuellement congestionné, devrait être livré courant 2019, assure Daniel Houmbouy, simultanément à la création d’un chenal de 3 km de long sur 200 m de large pour porter le tirant d’eau de 10,50 à 12,50 m.
Sur ce marché accaparé par spécialiste de l’Asie-Pacifique Swire (China Navigation) et CMA CGM leader du fret en provenance d’Europe, MSC est venu sacrément perturbé le jeu dernièrement. Á coups de transit-time raccourci et de prix compétitifs, le genevois est passé devant les autres compétiteurs sur les conteneurs à l’importation.
Á l’exportation – 97 % composés du nickel et des produits dérivés – Swire reste le leader, ayant le monopole de travailler avec l’une des trois usines de production de nickel.
Il restera à évaluer les impacts à moyen terme qu’auront sur le transbordement les nouveaux services lancés récemment: le South Pacific Service (SPS) vers l’Asie, qui permet de raccourcir le trajet de 25 à 18 jours, et celui lancé en VSA par CMA CGM et Seatrade dans le Pacifique sud desservant Nouméa et Papeete.
Année du nickel?
Selon les analystes, après des années de crise, le métal devrait profiter de l’explosion du marché de la voiture électrique, et de la forte hausse de la consommation mondiale d’acier inoxydable. De très bons augures pour les trois usines de la Nouvelle-Calédonie. Quand elles auront atteint leurs pleines capacités, la production de nickel pourrait dépasser les 150 000 t/an.