Les ports ultramarins n’échappent à la grande vague croisiériste. L’aventure est tentante. Rien n’aura mis en cale sèche ces dernières années ce marché qui s’est rapidement mondialisé. En 2017, le cap des 25 millions de passagers dans le monde a été franchi de quelques centaines de milliers. La construction est en fièvre (26 nouveaux paquebots doivent être lancés cette année pour un investissement total de 6,8 Md$). D’ici à 2026, 97 nouveaux bâtiments de croisière devraient être inaugurés, selon Cruise Lines International Association (Clia), l’association regroupant les professionnels du secteur.
Sur ce marché, la géographie – en lien avec la proximité des escales – est aussi déterminante qu’elle ne l’est pour les marchandises. Les territoires antillais et du Pacifique ont l’avantage d’être à proximité de deux très gros pourvoyeurs de clientèle – les États-Unis et l’Australie – et de bénéficier de conditions climatiques très avantageuses.
Tous les ports des DCOM se sont positionnés de façon plus ou moins récente. Le trafic capté reste toutefois marginal. Ainsi, en 2016, la Martinique et la Guadeloupe n’accueillaient à elles deux que 1,8 % du flux de croisiéristes de la Caraïbe, loin derrière les Bahamas (16 %), Cozumel au Mexique (15 %), les Îles Vierges américaines (8 %) et les Îles Caïman, qui totalisent près de la moitié des croisiéristes de la zone.
Guadeloupe: Au standard caribéen
Toutefois, le GPM de Guadeloupe, qui a enregistré quelque 80 000 voyageurs de plus en 2017 qu’en 2016 sur ses installations et 135 escales (+ 21 %), a accueilli le MSC Fantasia en novembre dernier, signe manifeste de sa capacité à accueillir des navires plus grands. Il a tout fait pour, en investissant dans ses infrastructures. L’établissement portuaire vient de lancer une étude pour un futur terminal de croisière et milite localement pour hisser l’offre touristique à terre au standard caribéen.
La Réunion: En contre-saison
Dans l’océan Indien, si le flux de croisiéristes reste bien moindre que dans les Caraïbes, le secteur progresse très rapidement. Ainsi entre 2014 et 2016, le nombre de passagers faisant escale à La Réunion, qui a l’avantage « d’être en contre-saison par rapport aux ports européens », est passé de 21 000 à 73 000. « Nous avons atteint un palier en 2017 », modère toutefois Jean-Frédéric Laurent, le président du directoire du port. L’Association des ports des îles de l’océan Indien devrait remettre une étude sur les conditions de « remise à niveau pour l’accueil des navires de croisière » dans cette partie du monde.
Pacifique: 500 000
Dans le Pacifique, la Nouvelle-Calédonie bénéficie de l’essor des formules de croisières de courte durée en partance d’Australie et à destination des iles Fidji ou du Vanuatu. Le seuil des 500 000 passagers a été franchi dès 2016. Un terminal dédié aux croisières, avec des infrastructures spécifiques, est toujours à l’ordre du jour.
Tout récemment, le Port autonome de Papeete, principale entrée maritime en Polynésie, a également présenté un projet de terminal. Redimensionné, il sera en mesure accueillir des paquebots jusqu’à 2 000 passagers et de traiter simultanément trois navires. La fin des travaux de ce nouveau terminal qui sera, selon la direction portuaire « le plus moderne des pays insulaires du Pacifique Sud », est prévue à l’horizon 2020.