Deux projets structurants

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En Guyane, l’« affaire » qui a échauffé les esprits ces derniers temps n’est pas très éloignée des préoccupations portuaires. Le débat public relatif au très controversé projet industriel d’extraction aurifère, financé par les multinationales de l’or Nordgold (Russie) et Columbus Gold (Canada), s’est achevé le 7 juillet. Il est désormais dans l’attente d’un positionnement de l’État français, dont des représentants ont déjà fait savoir que « tel qu’il est construit, tel qu’il est porté, il n’aboutira pas » (Annick Girardin, ministre des Outre-mer). Tel qu’il est dimensionné en tout cas, le projet minier de la « Montagne d’or » pourrait être un argument de plus à verser au dossier de la construction d’un grand port industriel en Guyane.

À plus court terme, les enjeux portuaires sont ailleurs: se doter d’infrastructures adéquates palliant certaines « spécificités techniques ». Si la Guyane dispose de cinq ports, ils sont de taille modeste. Le Grand Port maritime de la Guyane (GPMG, trafic* de 779 720 t en 2017) regroupe pour sa part les activités du port de commerce de Dégrad-des-Cannes, installé à l’embouchure d’un fleuve où la faible profondeur du chenal handicape l’accès des navires, et celui de Kourou, quasi exclusivement dédié au fret spatial géré par le CNES.

Désenclavement maritime

L’amélioration des infrastructures portuaires était l’un des principaux objets du plan stratégique 2014-2018, impliquant plus de 57 M€ d’investissements. Nombre d’opérations inscrites sont désormais achevées ou en phase d’achèvement, indique Rémy-Louis Budoc, président du directoire du port dans son rapport d’activité, mentionnant la nouvelle porte d’entrée/sortie (intégrant des fonctionnalités nécessaires au futur poste frontalier communautaire « en attente de financements »), la réhabilitation du terminal conteneurs, le chantier du parking roulier, l’acquisition de deux grues portuaires « mises en place en 2019 ».

Aussi, par deux arrêtés préfectoraux, le GPMG voit sa zone d’influence s’élargir à des « zones stratégiques » permettant d’envisager des projets, tels un terminal énergétique dans l’Ouest ou une zone logistique portuaire à l’Est. « Nous avons désormais les moyens juridiques de notre développement », appuie Rémy-Louis Budoc.

Cabotage et offshore

Le GPMG, qui revendique son implication dans sa sphère géographique (membre de Port Management Association of the Caribbean et de Caribbean Shipping Association), planche depuis quelque temps sur l’opportunité de développer le cabotage interrégional fluviomaritime sur le plateau des Guyanes et la Caraïbe (Guadeloupe, Martinique), où des opportunités de trafics ont été décelées, notamment pour les colis encombrants ou lourds. Ce projet n’est pas sans connexion avec l’autre grand sujet: un projet de plateforme offshore multi-usages, qui nécessiterait la construction d’un port en eaux profondes situé au large des côtes et un investissement de 1,5 Md€. S’y agrégeraient un hub conteneurs (capable de traiter jusqu’à 200 000 EVP, les conteneurs seraient ensuite acheminés par feeders fluviomaritimes), un terminal ro-ro et une base logistique pétrolière. L’affaire n’est pas simple compte tenu de la localisation dans la ZEE.

L’intérêt d’un groupe comme Total serait en tout cas une aubaine…

* L’exercice 2017 a été impacté par différents mouvements sociaux qui se sont soldés par une baisse du trafic de 3,15 % par rapport à 2016. Au premier trimestre 2018, avec 208 590 tonnes, le trafic était en croissance de 10,53 % par rapport aux trois premiers mois de 2017, les dynamiques (roulier et vrac solides) se confirmant.

Quelle place sur la scène internationale pour les ports d’Outre-mer?

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