UE: Insuffisant, le budget transport?

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La Commission européenne a présenté le 2 mai 2018 sa proposition de budget pour le cadre financier pluriannuel 2021-2027 de sa politique de transport, dont le bras financier est le Mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE). Équivalent à celui de la précédente enveloppe, les 30,6 Md€ budgétés se répartissent entre une enveloppe principale fixée à 12,8 Md€, 11,3 Md€ pour les projets de transport des pays bénéficiaires des fonds de cohésion et de 6,5 Md€ pour des investissements dans des infrastructures de transport ayant à la fois un usage civil et militaire.

Quelques jours avant la présentation officielle de la proposition de la Commission européenne se tenait à Ljubljana (Slovénie) une réunion au sommet consacrée au Réseau transeuropéen de transport (RTE-T). À cette occasion, une quarantaine d’associations représentantes du transport, tous modes confondus, et réunies sous la bannière de la Coalition du transport, ont publié la « déclaration de Ljubljana » qu’elles résument elles-mêmes ainsi: « more EU budget 4 transport ». Soit: davantage de budget européen pour le transport.

500 Md€ nécessaires

Des cyclistes aux compagnies aériennes, en passant par les ports maritimes, les transporteurs fluviaux et les opérateurs ferroviaires, c’est tout le lobby européen des transports qui s’est exprimé d’une seule voix pour affirmer que l’Europe ne peut se construire et se développer sans une politique des transports ambitieuses, avec des investissements à la hauteur des ambitions. « Un Européen sur dix travaille dans le secteur des transports, rappelle ainsi la Coalition du transport dans sa déclaration de Ljubljana. Investir dans les infrastructures de transport conduira à une croissance de long terme et à des emplois. Chaque milliard d’euros investis dans le réseau central RTE-T permettra de créer jusqu’à 20 000 nouveaux emplois, ce qui représente 10 à 15 millions d’emplois supplémentaires d’ici 2030. Le FMI (Fonds monétaire international) estime qu’investir 1 % du PIB dans les infrastructures de transport permettra une croissance du PIB de 1,5 à 2,6 % sur quatre ans ».

Les associations signataires insistent aussi sur les efforts d’investissement à fournir pour des transports peu énergivores et faiblement émetteurs de CO2 et de pollution et sur la nécessaire adaptation du secteur aux évolutions technologiques.

Afin de réaliser l’ensemble des projets du « réseau central » RTE-T d’ici 2030, le lobby européen des transports estime ainsi que pas moins de 500 Md€ doivent être investis entre 2021 et 2030. Le budget proposé par la Commission, tel quel, n’y suffirait donc pas. Et il peut encore être revu à la baisse par le Parlement ou le Conseil avant son adoption définitive.

L’essentiel en données

30,6 Md€ sont prévus dans l’enveloppe allouée à la politique des transports par la CE. Afin de réaliser l’ensemble des projets du « réseau central » RTE-T d’ici 2030, le lobby européen des transports estime que pas moins de 500 Md€ doivent être investis entre 2021 et 2030. L’ESPO estime les besoins d’investissements dans les ports maritimes à 48 Md€ pour la période 2018-2027.

Budget 2021-2027: Finances contraintes et calendrier serré

Si l’on élargit au-delà du transport, la proposition de budget pour la période 2021-2027 présentée le 2 mai par le CE est en légère augmentation (1 135 Md€, constants) malgré le « moins d’argent » en raison du départ du Royaume-Uni, qui crée un trou budgétaire d’une dizaine de milliards d’euros par an et le financement de nouvelles priorités (sécurité, défense, migrations…). Pour y parvenir, elle propose de réduire de 5 et 7 % les budgets consacrés à la PAC et à la cohésion (leur part dans le total du budget tombera de 72 à 58 %, soit respectivement 365 et 374 Md€) – ce qui ne sera pas sans impact sur les régions françaises –, et de créer trois nouvelles ressources propres, dont une taxe sur les plastiques non recyclés.

En revanche, les crédits de la recherche et de l’innovation vont augmenter de 50 %, à 100 Md€. En matière d’investissements, le plan Juncker sera pérennisé avec la création d’un fonds d’investissements de 15 Md€ baptisé InvestEU qui agrégera tous les instruments financiers existants. Le programme spatial européen verra ses crédits augmenter de 44 %. Un premier conseil européen se tiendra les 28 et 29 juin pour en débattre.

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