À l’instar du transport de brut, avant la crise des années 1970, avec des supertankers d’une taille toujours plus imposante, le transport de conteneurs est engagé depuis quelques années dans une course au gigantisme. La concentration de valeurs de ces navires qui peuvent charger jusqu’à plus de 20 000 EVP ne peut qu’inquiéter les assureurs.
Ces derniers continuent néanmoins d’assurer les navires, comme ils l’ont toujours fait, en fonction de leur politique de souscription et de l’évolution technique. Et en dépit d’un risque toujours plus élevé: lorsqu’on cumule la valeur de la marchandise avec celle du navire, on peut atteindre des engagements de l’ordre de 2 Md€ (dans un scénario catastrophe au cours duquel deux porte-conteneurs géants s’aborderaient et couleraient). C’est pourquoi le concept de mutualisation est si important pour le monde de l’assurance.
Des navires plus grands mais …
« La problématique immédiate pour le marché de l’assurance est celle des navires d’une valeur de plus en plus élevée », confirme Jean Brossollet, président-fondateur du courtier d’assurance Seasecure, qui a récemment racheté son homologue Guian. « Les assureurs travaillent donc en coassurance, ce qui est une pratique habituelle pour la flotte de commerce, avec un leader prenant entre 25 et 40 % du risque. C’est lui qui gère le contrat et répartit le solde auprès d’autres assureurs. Mais en raison de la tendance à la réduction de capacité pour l’assurance corps, cela fait donc plusieurs années que les assureurs français vont chercher de la coassurance à l’étranger pour les navires qui ne peuvent être placés à 100 % en France, s’adressant pour cela aux Lloyd’s de Londres ou au marché scandinave ».
Outre la question de la valeur des navires de plus en plus grands, se pose par ailleurs celle des avaries communes, dont la gestion est d’autant plus difficile que le nombre de chargeurs est important. Pour autant, la fréquence des sinistres n’augmente pas forcément en fonction de la taille du navire. « Qui dit gigantisme, ne dit pas danger accru, notamment pour les porte-conteneurs, c’est une idée reçue, relève Armateurs de France. Il s’agit de navires plus récents donc plus sûrs, conçus en ayant pris en compte les défauts des plus anciens, notamment en termes d’arrimage des conteneurs ». Alors, plus sûrs, les porte-conteneurs géants?