Mettre en avant les avantages du marché français de l’assurance maritime, aérien et transport auprès des clients internationaux, telle est la finalité de l’initiative Paris MAT, dévoilée il y a un an, à l’occasion des Rendez-vous de l’Assurance Transports organisé par le Comité d’études et de services des assureurs maritimes et transports (Cesam). Les assureurs réunis au sein de la Fédération française de l’assurance (FFA) et les courtiers de l’Union des courtiers d’assurances maritimes et transports (Ucamat), planchent depuis 2016 sur la création d’une plateforme fédérant tous les professionnels français de l’assurance maritime, aérienne et transport (MAT). Entre temps les ont rejoints les agents d’assurance maritime, les avocats spécialisés, les risk managers, les experts… et également des organismes tels que le Cluster maritime français (CMF), Armateurs de France, la Chambre arbitrale maritime française et le Cesam. Objectif: promouvoir les avantages compétitifs du marché français de l’assurance maritime et transport.
« Et ces avantages sont nombreux, défend Mathieu Berrurier, président de l’Ucamat et directeur général du courtier spécialisé Eyssautier: 30 sociétés qui emploient 3 000 personnes; des encaissements très importants; une solvabilité financière de nos sociétés aved des ratings de niveau A; une capacité à régler rapidement les sinistres », liste-t-il. « L’assurance française bénéficie aussi d’un système juridique efficace. Ces atouts nous permettent de viser le marché des grands chargeurs internationaux, et surtout les armateurs, grands consommateurs d’assurance ».
« Nous disposons en France d’un savoir-faire mais nous ne le faisons pas assez savoir, souligne Jean-Paul Thomas, responsable de la direction des assurances transport de la FFA. Paris MAT répond à cette problématique. La France est un des rares pays à disposer d’un code des assurances dont une partie est spécifiquement dédiée à l’assurance transport, laquelle s’est en outre adaptée au fil du temps. Ainsi en 2011, deux chapitres y ont été ajoutés pour régir l’aviation et le spatial. Elle se distingue en outre par une grande souplesse permettant d’adapter les contrats en fonction des besoins des assurés ».
Paris au coeur du marché mondial
« Il s’agit de capitaliser sur les atouts de la place de Paris pour mettre en avant le savoir-faire français en matière d’assurance transport et ainsi, à l’heure du Brexit, remettre le pays au cœur du marché mondial, et ce dans le cadre d’une démarché concertée entre les différents acteurs », se félicité Frédéric Moncany de Saint-Aignan, le président du Cluster maritime français, organisme qui héberge l’initiative. Du côté d’Armateurs de France, on fait surtout valoir « maîtrise des coûts de la procédure, souplesse, efficacité, sécurité et lisibilité… »
La logique de « place » est importante, car tous les assureurs français vendent le même produit, avec des conditions d’assurances reconnues comme très protectrices.
Au-delà, grâce à l’existence de grands noms de l’assurance maritime qui ont la capacité à prendre le lead, les assureurs français présentent aux yeux de leurs clients l’avantage de travailler en « tous risques source », ce qui signifie que l’assuré est a priori couvert, sauf si l’assureur apporte la preuve du contraire. Cette charge de la preuve à l’assureur est un des points forts de l’assurance tricolore, notamment vis-à-vis du système britannique.
Paris MAT veut par ailleurs mettre en exergue le caractère par nature international de l’assurance maritime délivrée par des professionnels français, le marché parisien souscrivant de nombreux risques internationaux. Il a d’ailleurs toujours assuré de nombreuses flottes étrangères. C’est encore plus vrai aujourd’hui que la flotte française a perdu en unités.
« Cette initiative est née d’un double constat, reprend Mathieu Berrurier: d’une part, le Brexit crée des opportunités pour le marché français, d’autre part, nous constatons année après année que le marché français cède du terrain à l’international, faute d’actions concertées entre tous les acteurs ».
Selon le président de l’Ucamat, la Grèce et la Scandinavie, où des opérations de communication ont été menées récemment, font partie des cibles prioritaires. « Nous visons également la clientèle des traders de matière première, qui ont d’importants besoins d’assurance internationale. C’est un secteur d’activité sur lequel nous sommes particulièrement compétitifs », indique-t-il.
L’argumentaire en faveur de la place de Paris devraient être officiellement présenté les 26 et 27 juin prochains, à l’occasion de l’édition 2018 du Rendez-vous de l’Assurance Transports organisé par le Cesam.
Le Brexit, chance ou menace?
Les modalités du Brexit non encore fixées, il est difficile pour les assureurs de tenir une position affirmée sur la question. Mais ils ne sont pas pour autant inquiets. Certains y voient même une opportunité de récupérer quelques parts de marché « tricolores ». La plupart ne voient pas se profiler de grands changements, les assureurs souscrivant déjà sur tous les marchés. « Il n’y aura pas d’effet d’aubaine pour les assureurs continentaux car le monde de l’assurance est très connecté, indique ainsi Jean Brossollet de Seasecure. Les syndicats des Lloyd’s disposent de guichets de souscription en France, et s’organisent pour maintenir leur place dans l’activité de réassurance et continuer à prendre en coassurance une grande partie du risque maritime, y compris français ». Selon le gérant fondateur de Seasecure, le Brexit n’apportera pas de modifications, tout simplement « parce que nous avons besoin de la place de Londres! Nous donnons donc la priorité, quand nous avons le choix, à l’assurance française, mais nous devons aussi pouvoir placer un risque à Londres ».