Le marché de l’assurance maritime entame son redressement

Article réservé aux abonnés

2017 aura été une année de pertes pour l’assurance maritime et transport, en particulier à cause des ouragans Harvey, Irma et Maria qui ont touché à la fois des installations portuaires et des marchandises. Mais les assureurs ont aussi quelques motifs de satisfaction, le montant des primes repartant à la hausse après des années de recul. « Au cours de la dernière série de renouvellement, les primes ont augmenté pour les lignes maritimes affectées par les pertes mais également pour celles qui n’ont pas été touchées », indique le président de l’Union internationale de l’assurance maritime (IUMI), Dieter Berg, qui veut y voir la fin de la faiblesse du marché. « Je m’attends à ce que cette amélioration du marché persiste en 2018. Cette évaluation est soutenue par des perspectives encourageantes pour l’économie mondiale cette année ». Tous les indicateurs – consommation, investissement et commerce – sont à la hausse au niveau mondial. Un renchérissement des primes de l’assurance maritime et transport, dont le montant dépend étroitement du volume et de la valeur des échanges de marchandises, est donc attendu.

Sortie de crise …

« On sort de trois années très compliquées, avec une conjugaison des indices en repli: taux de fret bas, primes au plancher, surcapacité, difficultés à vendre les navires, rappelle Mathieu Berrurier, directeur général du courtier d’assurance maritime Eyssautier. Au plus fort de la crise, le montant des primes baissait car les assureurs doivent accompagner leurs clients en difficulté. Il y avait aussi davantage de compétition pour le renouvellement des affaires ». En 2016, selon le rapport annuel de la Fédération française de l’assurance (280 compagnies répresentant 99 % du marché) publié en décembre dernier, le chiffre d’affaires de l’assurance des « corps maritimes » (les coques) a dévissé de 11,5 %. Moins impactées, les « facultés » (qui s’appellent désormais les marchandises transportées selon la réforme du Code des assurances) ont contenu le recul (– 1,6 %).

Le chiffre d’affaires global (France et hors France) s’est figé à 2 Md€, en repli de 7 % par rapport à l’exercice précédent.

Ces données concordent toutefois avec la baisse d’activité constatée au niveau mondial par l’International union of insurance (IUMI) avec un chiffre d’affaires 27,5 Md$, en retrait de de 9 %.

Limite basse atteinte

« La limite basse du fret a été atteinte, et celui-ci remonte aujourd’hui, se réjouit Mathieu Berrurier. Avec la légère hausse que connaît le prix du transport maritime, illustrée par la reprise du Dry Baltic Index, les armateurs voient aujourd’hui le bout du tunnel. Ils recommencent à gagner de l’argent et le prix du fret remonte de façon pérenne. En toute logique, les primes repartent à la hausse ». Ce mouvement est déjà entamé à Londres, en ce qui concerne les coques. Il est moins prononcé pour les marchandises, où la concurrence est plus vive. Il y a trop d’acteurs pour bénéficier d’une volonté concertée de redresser les primes d’assurance. Pourtant, les banques réduisent leurs engagements dans l’assurance maritime, le financement étant passé de 83 % du total en 2010 à moins de 60 % en 2017, selon l’IUMI.

« L’assurance corps et machine perd de l’argent de façon structurelle depuis quelques années, amenant les assureurs à réduire leurs capacités de couverture, ce qui n’est pas logique au regard de l’augmentation de la taille des navires, constate Jean Brossollet, fondateur et dirigeant du courtier Seasecure. Peinant à atteindre l’équilibre, certains acteurs préfèrent se retirer du marché, une bonne nouvelle pour les autres mais sans être toutefois une situation idéale: la volatilité n’est jamais bonne, car il faut bien connaître un marché pour bien le servir ».

Pour les marchandises transportées, au contraire, il y a davantage d’offres que de besoin. Inéluctablement, le taux appliqué sur la valeur de la marchandise pour calculer la prime s’en ressent. Le marché « cargo » est donc sur-capacitaire et fortement concurrentiel. Une situation en faveur des assurés, qui peuvent ainsi négocier à la baisse le montant de leurs primes.

Le chiffre-clé

27,5 Md$

L’assurance maritime et transport représente un marché mondial de 27,5 Md$ (23,3 Md€). L’Europe compte pour la moitié du total. Le marché français, avec 15 assureurs et 18 courtiers faisant travailler 3 000 personnes, se classe au 5e rang mondial derrière la Grande-Bretagne, la Scandinavie, le Japon et l’Allemagne. Ces deux derniers pays, fortement exportateurs, souscrivent surtout sur le risque national alors que 80 % des risques souscrits par les assureurs nationaux sont des risques étrangers.

Assurance maritime

Archives

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15