Attendu depuis le début de l’année 2018, le plan du gouvernement coréen pour relancer marine marchande et construction navale a été dévoilé le 5 avril. D’une durée de 5 ans, il se compose d’un ensemble de mesures visant à redynamiser de concert et de manière durable l’activité de ces deux secteurs.
Le gouvernement coréen entend tout d’abord confier aux armateurs nationaux une plus grande part du transport des exportations et des importations du pays avec pour objectif de voir leur part de marché croître de 10 % sur 5 ans et ainsi ramener les revenus de la marine marchande coréenne à leur niveau de 2008 soit 47,9 MdUSD. À cet effet, il va établir un comité regroupant la chambre coréenne de commerce et d’industrie (Korea International Trade Association) et les armateurs pour améliorer les contacts, favoriser les échanges de vue et développer les coopérations. Par ailleurs, il prévoit de réserver une part minimale du transport de certaines matières premières stratégiques aux compagnies coréennes. Sont notamment concernés le pétrole, le gaz naturel, le charbon, le fer et peut-être les céréales. Une loi relative à ce sujet sera promulguée avant la fin de l’année après étude de ce qui se fait dans d’autres pays comme les États-Unis où 50 % du fret public est confié aux armateurs américains. Il prévoit en outre de revoir le système des appels d’offres pour les transports commandés par les entreprises et organismes étatiques, de telle manière que le prix ne soit plus le seul critère pris en compte et que puisse y être ajouté la qualité de service, voire le respect de l’environnement.
Soutien à des navires plus propres
Parallèlement, pour permettre aux armateurs coréens de proposer des prix et des services compétitifs, il va d’ici 2020 investir autour de 7,5 MdUSD pour les aider à moderniser leur flotte par l’acquisition de navires plus économes en carburant et répondre aux nouvelles normes d’émissions de soufre décidées par l’Organisation maritime internationale. Bien entendu conditionné au passage de ces commandes auprès des chantiers navals du pays, ce soutien concernera jusqu’à 140 vraquiers et 60 porte-conteneurs dont une vingtaine de ces derniers pour HMM. Les autorités assurent toutefois que les petites et moyennes compagnies ne seront pas oubliées. Ces aides seront supervisées et attribuées par la Korea Maritime Corporation (voir ci-contre).
Enfin, l’État coréen va dans les deux ans à venir commander de son côté 40 navires d’une valeur totale de 5,2 MdUSD pour l’armée, les garde-côtes, le département des pêcheries et la compagnie nationale de gaz naturel Kogas, dont un ou deux bâtiments propulsés au GNL par an. Et pour promouvoir ce type de navire, il réfléchit à classer les eaux territoriales coréennes en zone d’émissions contrôlées (ECA). Il soutiendra en outre les recherches sur les navires intelligents et sans pilote. L’État ne donne pas pour autant carte blanche aux chantiers navals et a précisé qu’il veillerait à ce que les trois principaux poursuivent leurs efforts de restructuration et qu’il encouragerait les fusions entre les plus petits. De plus, il n’exclut pas de privatiser DSME à long ou moyen terme si l’occasion se présente, étant l’actionnaire majoritaire de l’entreprise via la Korea Development Bank et l’Export-Import Bank of Korea.
Le groupe Samsung derrière Samsung Heavy
Sans doute rassurées par les perspectives du secteur de la construction navale coréenne après les annonces gouvernementales en la matière, plusieurs branches du groupe Samsung ont annoncé leur intention de souscrire à l’augmentation de capital de Samsung Heavy Industries qui va émettre près de 35 millions de nouvelles actions pour un montant total de 1,37 MdUSD d’ici mai. À commencer par Samsung Electronics, son principal actionnaire avec 16,91 % des parts, qui va en acquérir pour 191,3 MUSD. Samsung Life Insurance et Samsung Electro-Mechanics avaient précédemment révélé vouloir faire de même pour des sommes de 36,7 MUSD et 25,9 M MUSD. Samsung SDI, Cheil Worldwide Inc et Samsung C&T Corp vont elles aussi suivre le mouvement pour des montants inférieurs à 4,7 MUSD. Pour les analystes coréens, ces investissements sont de nature à inciter les autres actionnaires de Samsung Heavy Industries à souscrire eux aussi à cette augmentation de capital malgré de nouvelles pertes attendues pour 2018.