Le 24 avril 2018, Vincent Bolloré, dirigeant du groupe qui porte son nom, a été mis en garde à vue par le parquet de Nanterre à propos de deux concessions portuaires en Afrique: l’une dans le port de Conakry et l’autre dans celui de Lomé. Deux concessions qui auraient, selon les sources judiciaires, été attribuées au groupe après avoir sous-facturé des prestations pour la communication de deux candidats à la présidence, Alpha Condé en Guinée Conakry et Faure Gnassingbé au Togo. Deux affaires qui ont défrayé la chronique il y a plusieurs années. En 2009, le candidat à la présidence du Togo, Faure Gnassingbé, a fait appel au groupe Havas pour sa communication. Il aurait été sous-facturé en échange d’un retrait de la concession du port de Lomé au groupe Progosa au profit de celui de Bolloré. En Guinée, le même scénario se serait répété en faveur d’Alpha Condé pour que la concession du port de Conakry soit retirée des mains du groupe Necotrans au profit de Bolloré. Des procès ont eu lieu tant en France que dans les pays africains sans qu’aucun tribunal n’ait condamné le groupe français. Intervenant à la suite d’une perquisition au groupe Bolloré en avril 2016, cette garde à vue fait office de rebondissement dans ces deux affaires. Au Togo, cette affaire a été loin: un dirigeant de Progosa a été écroué pendant plusieurs mois. Le 25 avril, Vincent Bolloré a été mis en examen pour corruption d’argent public étranger, complicité d’abus de confiance, faux et usage de faux.
Cette affaire s’inscrit dans une longue bataille que les différents manutentionnaires internationaux se livrent en Afrique. Quand Necotrans sombre, le groupe Bolloré prend la relève. Quand DP World est mis en difficulté sur la côte orientale de l’Afrique, d’autres groupes viennent à la rescousse. Il n’en demeure pas moins qu’en faisant le total des sommes investies dans les ports en Afrique au cours des dernières décennies, le groupe Bolloré arrive largement en tête devant ses concurrents. Ces deux affaires africaines peuvent être analysées comme une revanche que prend la justice française face au groupe Bolloré faute d’avoir à se mettre sous la dent autre chose. Parce qu’au final, Necotrans pour Conakry et Progosa pour Lomé n’existent plus dans le monde portuaire. Avant de créer une insécurité juridique pour ces deux ports, il faudrait d’abord prendre l’avis des pays concernés et regarder les avancées que les deux ports ont pu retirer de la présence de Bolloré sur leurs quais.