L’après « crise des croisières »

Article réservé aux abonnés

Valparaiso, Ushuaia, Puerto Madryn, Buenos Aires, Montevideo, tous les ports du cône Sud de l’Amérique latine voient défiler les paquebots, dans un nombre qui va croissant chaque année. Jusque l’an dernier, ces ports traitaient les croisières un peu comme une activité annexe. Jusqu’à ce qu’explose la « crise des paquebots » à Valparaiso, port emblématique du Chili et cadre idéal pour les croisiéristes avec ces maisons colorées accrochées aux collines qui cernent les quais.

Le gouvernement s’en mêle

Après une série d’incidents, les compagnies de croisière faisaient déjà la grimace. Mais une escale du Norwegian-Sun s’est transformée en cauchemar pour elles. Au cours de cette escale, les passagers sont restés bloqués à bord pendant des heures à cause d’un conflit entre les opérateurs portuaires, conflit qui n’avait rien à voir avec les paquebots ou l’activité touristique. Ni une, ni deux, les compagnies ont exercé des représailles en désertant Valparaiso pour d’autres ports chiliens. Sur la saison qui vient tout juste de se terminer, le port a été purement et simplement dédaigné et a enregistré un triste record, avec seulement 13 escales sur l’ensemble de la saison.

Les paquebots lui ont préféré Arica, Antofagasta et Coquimbo, plus au nord, Punta Arena et Puerto Montt au sud, chacun d’eux ayant reçu 20 à 50 escales, et surtout le port voisin de San Antonio, son grand rival. Chacun d’eux souhaite désormais conserver ces escales, et la manne qu’elles apportent, et investit pour améliorer l’accueil des croisiéristes. Mais Valparaiso compte récupérer les paquebots perdus et s’est évidemment lancée dans une analyse de ses erreurs et compte investir dans son terminal passager pour séduire à nouveaux les compagnies.

Cependant, la « crise des croisières » a été telle que la nouvelle sous-secrétaire au Tourisme, Monica Zalaquett, à peine ses fonctions prises, a décidé de se pencher sur les besoins et les manques du secteur. Elle a appelé les différents acteurs du secteur à des rencontres qui se déroulent en ce moment, ceci afin d’éviter que le problème de Valparaiso se répète, d’accompagner le développement des croisières et de faire en sorte de redorer l’image du pays.

Des rapprochements se font aussi avec les pays voisins. Côté argentin, le président du port de Buenos Aires, Gonzalo Mortola, souhaite un travail commun entre les quatre pays du cône Sud, Chili, Argentine, Uruguay et Brésil. Les ambitions sont claires: les quatre pays doivent s’allier pour mieux organiser leur offre et constituer ensemble une véritable région de croisières. Les paquebots, qui partent souvent du Brésil, ont mis en place des circuits qui passent par Punta del Este et Montevideo en Uruguay, Buenos Aires et Puerto Madryn en Argentine, Puerto Montt, San Antonio et Valparaiso au Chili. Des accords viennent d’ailleurs d’être passés entre les ports de Puerto Montt et d’Ushuaia pour travailler ensemble sur des croisières passant par les canaux de Patagonie.

Règles communes

Au cours des trois dernières années, l’Argentine, montrée auparavant du doigt par ses voisins et pas toujours très appréciée par les compagnies de croisières, a repris du poil de la bête et apporté de sérieuses améliorations à ses prestations. Le ministère des Transports a mis en place un ambitieux programme dont l’objectif est d’atteindre le million de croisiéristes, en jouant sur les incitations tarifaires et surtout l’amélioration des infrastructures. Et une vaste campagne de séduction auprès des compagnies.

Pour une fois, l’Uruguay est sur la même ligne que l’Argentine. Là encore, la crise de Valparaiso a servi d’électrochoc. « Les croisières sont un produit régional », souligne Lilian Kechichian, ministre du Tourisme de l’Uruguay. « Aucun paquebot ne fait escale seulement à Punta del Este, ou seulement à Buenos Aires, ou seulement à Valparaiso ». Les circuits passent d’un port à l’autre, d’un pays à l’autre. Elle plaide en faveur d’un travail commun des pays du cône Sud, la mise en place de règles communes concernant l’accueil, voire les même politiques tarifaires.

Ushuaia, porte des terres australes

Puerto Ushuaia s’est évidemment fait une spécialité des croisières et expéditions vers l’Antarctique dont elle concentre 95 % des départs de la planète. Une trentaine de compagnies se partagent ce marché particulier. Pour la saison qui vient de se terminer, le petit port posé sur le canal de Beagle, en Terre de feu, aura servi d’escale plus de 300 fois. La croisière vers l’Antarctique dure de onze jours à trois semaines, avec éventuel détour par la Géorgie et les îles Sandwich du Sud et les Orcades du Sud. Les aventuriers du froid peuvent aussi s’essayer au kayak aux abords des terres glacées, voire à la plongée pour les plus téméraires.

Concessionnaire au tribunal

Après la « crise des croisières », le port de Valparaiso a décidé de poursuivre le concessionnaire du Terminal Pacífico Sur (TPS) devant le Tribunal de la libre concurrence. Il lui reproche diverses pratiques anticoncurrentielles à l’égard des passagers des navires de croisière. Ces pratiques « ont pour objectif délibéré d’empêcher, restreindre et entraver ces navires » dans leur accès au terminal opéré par TPS, le seul susceptible de recevoir ceux de grande taille (plus de 235 m). Le port pointe aussi le non-respect du schéma des priorités pour l’usage du site et un abus de pouvoir sur le marché des croisières.

Croisière

Archives

Boutique
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client abonnements@info6tm.com - 01.40.05.23.15